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Syrie: les pays arabes reviennent sur leurs décisions

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Réouverture de l'ambassade des Émirats arabes unis à Damas, le 27 décembre. ©Reuters

Le retour des pires ennemis d'Assad à la case départ, à savoir à l'avant 2011, date à laquelle ils ont déclenché la guerre contre l'État syrien veut dire beaucoup de choses : Les régimes arabes, qui ont investi leur argent et leurs relations avec les États-Unis, Israël, al-Qaïda et les Frères musulmans, et pensaient gagner en Syrie après avoir réussi à renverser les présidents tunisien et égyptien, reviennent aujourd’hui en Syrie. Et conscients ou non, ils admettent être faibles et incapables. Le projet en quoi ils ont investi leurs ressources échoue lamentablement et ils sont contraints de se l'avouer et de l'avouer publiquement. Cette défaite, Assad le prévoyait déjà le 26 novembre 2011, dix mois après le début de la guerre:  « Certains de nos frères arabes, qui trament actuellement des complots à notre encontre, vous les retrouverez bientôt à Damas, pour présenter leurs excuses ».

La prédiction d'Assad s'est réalisée et avec elle, des pans entiers de la géostratégie de la région a changé: car le feu vert de l’Arabie saoudite et des États-Unis, ni les Emirats, ni Bahreïn, encore moins d'autres les pays de la Corne de l'Afrique (Soudan) n'auraient pu franchir le pas. 

Parmi les pays arabes qui ont procédé à la réouverture de leurs ambassades à Damas, les Émirats arabes unis retiennent, plus que les autres, l’attention. Ce pays, impliqué directement ou indirectement dans cette crise qui a rongé la Syrie pendant plus de 7 ans, a rouvert son embrassade le jeudi 27 décembre. Ses officiels disent qu'ils reviennent à Assad pour contrer "l'Iran" mais le justificatif s'avère peu convaincant. Il y a un mois les agences d'informations faisaient état de la construction des postes d'observation sur les frontières nord syrien, soit limitrophes à la Turquie que contrôleraient les Kurdes. A l'époque, Ankara a vu d'un mauvais œil cette décision, allant jusqu'à s'en plaindre auprès des USA. Ce retour en cascade des satellites arabes de Riyad pourrait donc être plus qu'un aveu d’échec et destiné à défier la Turquie. 

Selon certaines sources diplomatiques citée par Al-Mayadeen, l’Égypte serait également en faveur du retour de la Syrie à la Ligue arabe malgré les pressions américaines. Après Bahreïn et les Émirats arabes unis, le Koweït sera le troisième pays arabe de la région à rouvrir son ambassade à Damas. Le site web libanais, al-Masdar News a rapporté que le Koweït rouvrirait très bientôt son ambassade à Damas après sept années de fermeture. S'il est vrai que le Président américain a demandé à Riyad de mettre la main à la poche pour financer la reconstruction des ruines de la guerre en Syrie, il est aussi vrai que cette perspective ne va sans plaire à Damas et aux alliés de la Syrie. 

 

Réaction de Moscou à la réouverture des ambassades des pays arabes à Damas  

D'ailleurs, le représentant spécial du président russe Vladimir Poutine pour le Moyen-Orient et l’Afrique Mikhaïl Bogdanov s’est félicité de la décision des pays arabes de relancer les relations avec la Syrie. Il a déclaré que ces pays s’étaient rendu compte que la coupure des relations avec Damas était contre-productive.

Lire plus: Pourquoi les États arabes veulent-ils que la Syrie revienne dans le giron de la Ligue arabe ?

En réponse à une question sur la réouverture des ambassades de plusieurs pays arabes à Damas, il a souligné : « De nombreux pays arabes ont estimé que cette décision irréfléchie était contre-productive ».

Pour Moscou, Assad sera le vainqueur de prochaines élections

Mais il y a plus. La Russie demande à ce que les pays arabes reconnaissent la légitimité du président syrien et qu'ils aident la Syrie à traverser la période politique à venir. Moscou a décrit le président syrien Bachar Assad comme un dirigeant populaire qui a toutes les chances d’être réélu et de briguer un nouveau mandat.

Les pays arabes iront-ils jusqu'à cautionner une réélection d'Assad à la tête de l'État syrien? Et puis the last but not the least: Iront-ils à tolérer que la Syrie soit un pilier incontournable de la Résistance? 

Les pays arabes devraient adhérer à l’axe de la Résistance

Optimistes, l’analyste arabe du journal Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, s’est penché ce vendredi sur les derniers événements de la région pour dire : « L’année 2019 sera une année où les victoires seront multipliées, les complots et les projets américains seront déjoués dans la région et la dignité y sera de retour ».

L’analyste arabe des questions politiques, Abdel Bari Atwan. (Photo d’archives)

La Syrie a, selon lui, gagné parce qu’elle a résisté. Maintenant, les pays arabes se ruent vers Damas pour y rouvrir leurs ambassades.

« Nous voici dans une nouvelle phase qui est celle de la victoire de la Résistance dans la région. C’est précisément ce qui affole Israël et les pays ayant normalisé avec Tel-Aviv », a-t-il martelé. Et de poursuivre : « Le Hezbollah s’est transformé en une puissance incontournable de la région dont les progrès ne connaissaient aucune limite. Ce mouvement dispose actuellement de plus de 150 000 missiles de haute précision. Les Arabes doivent reconnaître leurs erreurs et tous doivent adhérer à l’axe de la Résistance et prendre position contre l’ennemi israélien », conclut Atwan.

Il est difficile de croire Riyad capable un jour de renoncer à son hostilité anti-Résistance, d'y voir un facteur capable de peser de tout son poids face à l'Amérique et à ses plans à moins qu'il change totalement de stratégie pour se tourner vers l'Est. Ce faisant l'Arabie saoudite saura peut-être se préserver de cette entreprise de chantage dont elle fait l'objet depuis que Trump est entré à la Maison-Blanche. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV