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La France peut-elle remplacer les USA en Syrie ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
La ministre française des Armées, Sylvie Goulard a déclaré que la France avait des forces spéciales en Syrie mais n'avait pas l'intention d'envoyer des troupes au sol pour la reprise de Raqqa. ©AFP

Les experts disent que la France ne pourra pas combler, du point de vue politique et militaire, le vide créé par le retrait des forces américaines de la Syrie. Mais Paris a dans son chapeau plusieurs options qu’elle mettra en œuvre pour mener à terme ses grands objectifs en Syrie.

La France avait déjà emboîté le pas au président américain Donald Trump en décidant de maintenir ses troupes dans le nord de la Syrie et entamé des consultations avec Washington sur les modalités et le calendrier de leur retrait.

Les Unités de protection du peuple (YPG) ont tenu également des réunions politiques à Moscou et à Paris en vue de trouver un moyen de prévenir d'éventuelles opérations militaires de la Turquie.

Selon le quotidien Al-Quds al-Arabi, le président français Emmanuel Macron a regretté dimanche la décision des États-Unis de se retirer de la Syrie. « Un allié se doit d’être fiable, se coordonner avec ses autres alliés. Je regrette très profondément la décision prise » par les États-Unis de partir de Syrie, a dit M. Macron, lors d'une conférence de presse au Tchad.

Selon une source bien informée au sein de la présidence française, des membres des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont discuté vendredi avec les autorités françaises sur les derniers développements de la situation.

« Paris et ses alliés de la coalition anti-Daech ont entamé des discussions avec Washington sur le calendrier et les conditions du retrait des troupes américaines. Paris souhaite assurer la sécurité de tous ses partenaires de la coalition dans la région, y compris les FDS », a annoncé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

De ce fait, un convoi militaire français est arrivé dans le nord-ouest de la Syrie, à Tall Obeiz. Une source militaire au sein des FDS a déclaré que le convoi comprenait neuf blindés dont quatre arboraient le drapeau de la France. Elle a dit ne pas savoir la raison du déploiement de ces renforts.

La France vient-elle remplacer les États-Unis ?

Le retrait des troupes US ne signifie pas la fin de l'intervention et de la mainmise de l'Occident en Syrie, ni la fin du soutien d’un pays comme la France aux groupes kurdes positionnés à l'est de l'Euphrate face à l’armée turque.

À cet égard, le politologue Abdul Rahman Abareh explique que même si Washington envisage sérieusement de quitter la Syrie, il ne laisserait jamais sa place vide sans prévoir des alternatives pour protéger ses intérêts. Le soutien de la France aux groupes kurdes semblerait aller dans ce sens.

Le soutien de la France aux groupes kurdes n'est pas nouveau. L'Élysée avait déjà annoncé la position de la France au mois de mars. L'intervention militaire française en Syrie a commencé avec le début des activités de la coalition internationale. En 2014, les forces françaises ont été déployées dans la ville de Sarrin à Alep, l'usine de ciment Lafarge, dans le canton d'Ayn Issa à la périphérie de Raqqa et à Manbij dans la périphérie d'Alep.

« Si ces informations sont exactes, cela voudrait dire que les forces françaises remplacent les forces US, même partiellement, dans certaines zones sensibles pour les FDS et Ankara, à savoir Tall Obeiz, Ras al-Ayn et Manbij. Si c’est le cas, cela signifie qu'il y a une crise politique entre Ankara et Paris qui viendra aggraver la situation en Syrie », précise Abdul Rahman Abareh.

Fayez al-Dawari, spécialiste des questions stratégiques et militaires, a également affirmé à Al-Quds al-Arabi que « la France ne pourra pas compenser le vide créé par les États-Unis. Ses troupes ne sont pas suffisantes. L'objectif des autorités françaises est de s’investir politiquement ».

En outre, l'agence de presse turque DHA a fait état de l’envoi de matériel militaire aux frontières turco-syriennes, de centaine de véhicules dont certains seront transférés en Syrie via la région d'al-Bayli.

Washington est-il sérieux dans sa décision ?

L’hypothèse plausible est celle que les États-Unis cherchent à prévenir les dangers pouvant découler de la politique menée par la Russie.

Il y a des signes qui renforcent un accord entre Washington et Ankara, tels que la vente des missiles Patriot à la Turquie, le renforcement des relations commerciales avec la Turquie et la sortie de crise créée par la détention d’un prêtre-espion américain après le coup d'État manqué à Ankara.

Il est pourtant difficile de prédire la stratégie politique de l’administration Trump en Syrie. Le président américain est surtout connu pour ses pirouettes inattendues : il peut très bien faire une volte-face 15 minutes après l’annonce d’une décision. Il en est de même pour sa décision de retirer les troupes américaines de la Syrie. Et pour cause : la menace de Daech est toujours présente à l’est du pays et Washington ne permettra jamais à la Turquie d’éliminer ses alliés kurdes. D'autre part, les États-Unis ne peuvent pas abandonner leurs bases militaires en Syrie sans les rétablir sur la base du règlement final d’un processus politique.

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SOURCE: FRENCH PRESS TV