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Le Nord Stream 2 miné par les évolutions politiques en Allemagne

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les évolutions politiques en Allemagne sont un prélude à des tensions au sujet du Nord stream 2. Sputnik/Archives

Le journal américain Washington Times a écrit : « Les évolutions récentes en Allemagne, avec la désignation de la remplaçante d’Angela Merkel à la tête du parti au pouvoir, laissent présager qu’il y aura bientôt des conflits au sujet du projet gazier Nord Stream 2. »

Le journal se pose la question de savoir si Berlin cédera au final aux pressions de l’administration Trump concernant le projet. L’article ajoute : « C’est la question qui s’est posée vendredi dans toute l’Europe et en Amérique à la suite de la désignation de la remplaçante de Merkel à la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer. »

Avec Mme Kramp-Karrenbauer, généralement considérée comme une partisane de Merkel, la politique étrangère allemande ne devrait pas trop changer, mais Kramp-Karrenbauer, qui s’est retrouvée avant son élection au-devant des journalistes et de leurs nombreuses questions, a déclaré que son pays allait revoir plus intelligemment ses activités gazières au sein de l’Europe ainsi que l’accueil réservé depuis quelques années au pétrole russe.

Au cours d’un entretien télévisé, la nouvelle cheffe de la CDU a affirmé : « Les actions provocatrices actuelles de Moscou en Ukraine ont entraîné une sensibilité particulière à travers toute l’Europe occidentale concernant des sujets comme le soutien du projet gazier Nord Stream 2, un projet qui émane du gouvernement russe. »

Selon le Washington Times, le sujet le plus brûlant en ce moment, c’est ce que fait Moscou dans le détroit de Kertch, qui relie la mer d’Azov à la mer Noire, et qui sépare la péninsule de Crimée de la Russie, à laquelle elle a été rattachée en 2014.

Les tensions dans cette région se sont accrues depuis l’attestation de navires et de marins ukrainiens par l’armée russe le 25 novembre.

Par ailleurs, l’administration Trump a demandé aux dirigeants européens de combattre "l’extension de l’influence russe dans d’autres régions du Vieux Continent". La porte-parole du département d’État américain, Heather Nauert, a elle aussi proposé que l’UE examine le blocage du projet Nord Stream 2. Selon les experts, ce pipeline accroîtra considérablement la dépendance de pays comme l’Allemagne envers pétrole et le gaz de la Russie.

Nauert a dit aux journalistes : « Les pays européens se posent aussi la question suivante : eu égard au fait que le projet nord Stream aide le gouvernement russe, vont-ils tout de même continuer à faire partie de ce projet ? »

Mme Krampbauer s’est jusque-là opposée à un arrêt total du soutien de Berlin à ce projet. Pour autant, le Financial Times a rapporté que cette dernière a déclaré que l’UE devait tout de même prendre en considération la quantité de gaz que les pays européens ont été autorisés à transférer depuis la Russie.  

Le Washington Times a écrit : « Il faut maintenant voir comment cette question évolue en Allemagne. Ce que l’on affirme d’ores et déjà, c’est que le remplacement de Merkel par Krampbauer à la tête de la CDU rend le terrain favorable à des conflits internes concernant le fait de céder ou non aux pressions de Donald Trump au sujet du projet Nord Stream 2. »

Des signes de cette tension sont apparus avant même le remplacement de Merkel par Krampbauer.

Heiko Maas, ministre allemand des Affaires étrangères et membre de la CDU, a quant à lui déclaré que le Nord Stream 2 est un projet commercial et qu’il se poursuivra par conséquent même si les entreprises allemandes sortent de ce projet. Il a précisé que la poursuite du projet permettrait à Berlin de garder une influence politique sur Moscou.

On ne sait pas encore si la nouvelle cheffe de la CDU et le ministre allemand des Affaires étrangères partagent la même position sur cette question. Les experts disent que le Nord Stream 2 sera l’« une de questions les plus épineuses de l’avenir politique allemand. »

Constanze Stelzenmüller, experte des questions allemandes, européennes et transatlantiques au sein du think tank américain Brookings Institution, a déclaré à ce propos : « Ce sujet montre les divergences existant parmi les acteurs de la politique étrangère allemande, dans un contexte d’augmentation des tensions géopolitiques. Ce gazoduc part de la mer Baltique et arrive en Allemagne en contournant l’Ukraine et la Pologne. La société russe Gazprom est chargée d’une bonne partie des opérations de construction du gazoduc et un consortium de sociétés pétrolières et gazières allemandes, françaises, britanniques, néerlandaises et autrichiennes est chargé du financement du projet. Mais d’un point de vue politique, Berlin en garde le plein contrôle. Selon les experts, cela va marquer aussi la volonté et la capacité des Allemands à tenir leurs engagements et à assurer une gestion responsable, comme ils le disent, de l’Europe. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV