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Rai al-Youm : la visite d’Omar el-Béchir en Syrie était « tardif »

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des Soudanais se sont rassemblés devant une mosquée située à Omdurman, la ville jumelle de Khartoum, le 19 décembre 2018. ©AFP

Abdel Bari Atwan, éditorialiste du journal panarabe Rai al-Youm, a expliqué dans l’édition du 23 décembre pourquoi les manifestations populaires avaient commencé au Soudan.

Les villes soudanaises sont ces temps-ci le théâtre de manifestations populaires. L’exacerbation de la situation est due au coût élevé de la vie, à la hausse du prix du pain et des produits de première nécessité, sans oublier les erreurs de gouvernance, la corruption, la politique étrangère du Soudan et les coalitions auxquelles le pays participe, souligne M. Atwan.

Lorsque el-Béchir a interrompu ses relations avec l’Iran et rejoint la coalition saoudo-émiratie dans la guerre contre le Yémen, il pensait atteindre trois objectifs :

1. La levée du blocus économique et politique imposé à Khartoum par les États-Unis en raison de l’inclusion du Soudan sur leur liste noire des « États soutenant le terrorisme ». Le blocus a été levé partiellement mais le Soudan figure toujours sur la liste noire des États-Unis.

2. El-Béchir a maladroitement cru que les États arabes du golfe Persique participant à la guerre au Yémen lui octroieraient des milliards de dollars de subventions pour sortir son pays de la crise économique et empêcher l’effondrement de la valeur de la monnaie nationale soudanaise. Le président soudanais a été très vite désillusionné par les dons insignifiants de l’Arabie saoudite, des EAU et du Qatar, comparés aux 50 milliards de dollars que ces derniers avaient versés à son voisin du nord, l’Égypte, qui n’a même pas participé à la guerre au Yémen.

3. El-Béchir s’attendait à ce que la Cour pénale internationale ne le poursuive plus après avoir quitté la Résistance et mis un terme à ses relations avec l’Iran ; ce qui ne s’est pas produit du tout et ne semble pas devoir se concrétiser dans un proche avenir.

Omar el-Béchir à Damas

Le journal précise qu’El-Béchir est le premier président arabe à se rendre en Syrie depuis le début de la crise. La visite a bien eu lieu mais « tardivement », estime-t-il.

Ce retard n’est pas en rapport avec la grogne populaire et les troubles qui secouent le Soudan, et sans vouloir exagérer, nous pourrions même dire que l’ampleur des protestations a dans une certaine mesure diminué : la majorité des Soudanais affectionne les Syriens, dont des dizaines de milliers se sont réfugiés au Soudan, malgré son économie moribonde, pendant que les monarchies du golfe Persique participaient à la guerre au Yémen et n’ont donné l’asile qu’aux Syriens les plus favorisés.

Lire aussi : Omar el-Béchir en Syrie : l’échec de la stratégie saoudienne

Désabusé, el-Béchir s’est donc tourné vers Moscou et Ankara et veut renouer avec le « vieil axe » en vue de trouver une sortie de crise. Mais son changement de cap vers la Turquie et le Qatar n’est pas du goût de tout le monde, surtout de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, car s’ils n’avaient pas besoin des troupes soudanaises au Yémen, il y a longtemps que le Soudan aurait été exclu de la coalition, à l’instar du Qatar.

Jusqu’à ce jour, les responsables syriens s’étaient abstenus d’accueillir le président soudanais, d’autant plus que de récentes informations faisaient état de contacts secrets entre Khartoum et Tel-Aviv et de la possibilité d’une visite du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Khartoum après une escale à Oman.

Certains dirigeants arabes se rendent en Syrie pour tenter de justifier la normalisation de leurs relations avec le régime d’Israël, comme les ministres des Affaires étrangères de Bahreïn, d’Oman et des EAU. Le ministre bahreïnien est même allé jusqu’à enlacer et embrasser chaleureusement son homologue syrien. Les efforts visant à réintroduire la Syrie dans la Ligue arabe, dont certains États membres ont normalisé leurs relations avec Tel-Aviv, devaient être compris dans ce même cadre.

En trente ans de règne, El-Béchir a fait face à de nombreuses intifada et vagues de protestation. Mais le défi actuel est différent des précédents : il a perdu cette fois la plupart de ses alliés et se retrouve bien seul. Le Soudan est confronté à de nombreux éléments déstabilisateurs. La question clé est de savoir pourquoi des solutions à ces complots n’ont pas été apportées préalablement pour empêcher le soulèvement populaire...

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SOURCE: FRENCH PRESS TV