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Le roi jordanien a-t-il d'autres choix que de rallier la "Résistance"?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le roi Abdallah II avec Mahmoud Abbas, en Cisjordanie, le 7 août. ©Reuters

Le quotidien électronique Raï al-Yaoum s’est penché dans son éditorial sur les craintes qui animent en ce moment le royaume jordanien : pour Amman, un effondrement de l'Autorité autonome palestinienne ou encore l'élimination physique de Mahmoud Abbas ne ferait que détériorer la situation sécuritaire avec en toile de fond des répercussions qui n'iront pas sans affecter la Jordanie.

Le chef de l'Autorité palestinienne a rencontré le roi Abdullah II il y a deux jours lors d'un déplacement en Jordanie. La rencontre entre le dirigeant de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, et le roi de Jordanie, Abdullah II, intervient alors que les régimes arabes du golfe Persique poursuivent leurs efforts de normalisation avec Israël et que l'Amérique continue à défier la Palestine. S'il est vrai que la situation est loin d'être reluisante pour Israël qui s'affronte désormais de graves défis sécuritaires en Cisjordanie, la situation est autant problématique pour la Jordanie. 

 « L'éloignement progressif d'Amman de l'axe atlantiste lui a coûté trop cher : le roi de Jordanie est confronté à des manifestations de rue qui font écho à la loi sur l'impôt sur le revenu et à la forte augmentation des prix des produits de base, ce qui empêche les citoyens jordaniens de gagner leur vie. S'il est vrai que les manifestations sont à caractère économiques, des courants tendent à les politiser », a précisé Raï al-Yaoum.

En ce sens, l'Etat et le roi s'affrontent à quatre défis :

1- La perspective d'un effondrement de l'Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, lequel sèmerait le chaos à travers la Cisjordanie. Selon Amman, la  situation est bien explosive en Cisjordanie où les Palestiniens risquent en l'absence d'Abbas de prendre des armes contre le régime occupant Qods. Or si la Cisjordanie passe à la lutte armée, cela provoquerait l'exode de milliers de personnes vers la Jordanie.

2- Autre crainte: l’acharnement de l’administration américaine à imposer le "Deal du siècle" à la Jordanie et à lui arracher des concessions sur le statut de Qods notamment et surtout, la fin de la "tutelle jordanienne" sur les lieux saints de l'islam et du christianisme, y compris la mosquée al-Aqsa, et ce, pour l'octroyer ensuite à l'Arabie saoudite/ Le refus du roi d’Abdallah à céder s'est soldée jusqu'ici par une suspension d’aide financière et il pourrait même déboucher sur un blocus économique.

3- Le Deal du siècle stipule également l'annexion par la Jordanie, des principales villes en Cisjordanie, dont al-Khalil, Naplouse, Tulkarem, Ramallah, Jenin. Tout se trame pour anticiper l’effondrement de l’Autorité autonome qui est synonyme de l’effondrement des appareils de sécurité palestiniens dont la seule alternative sont les forces de sécurité jordaniennes. Or c'est un piège bien prémédité par Israël d’autant plus que les sources israéliennes font campagne pour la formation d'une "confédération jordano-palestinienne".

4- Le soutien ouvert qu’apportent les pays riverains du golfe Persique au Deal du siècle en tentant de normaliser leurs relations politiques, économiques et sécuritaires avec le régime de Tel Aviv ainsi que la suspension des aides ne cherchent qu’à faire accepter à la Jordanie le plan américain.

Mais que peut faire Amman? En Syrie, le royaume hachémite a fait le choix de s'approcher de Damas et il est question désormais de la normalisation. Cette décision a eu l'effet immédiat d'une réouverture des passages frontaliers, et un retour des réfugiés syriens. En Palestine aussi, la Jordanie a tout intérêt à s'aligner sur les politiques qui garantissent son intégrité et sa sécurité. Et ces politiques ne sont pas à WAshington ou à Tel-Aviv qu'on les entend. 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV