Traduisant la volonté des Gilets jaunes de relancer la démocratie participative, tout autant que leur défiance vis-à-vis de la représentativité du peuple, le RIC s'impose comme une revendication majeure du mouvement, qui manifeste le 15 décembre.
Selon la chaîne Russia Today (RT), si les Gilets jaunes ont des revendications diverses depuis le début du mouvement, de la baisse des taxes sur les carburants à la démission d’Emmanuel Macron, en passant par la hausse du pouvoir d’achat, une demande revient désormais avec insistance : la mise en place d’un référendum d’initiative citoyenne (RIC).
Ce « référendum d’initiative du peuple » rendrait aux citoyens français son rôle souverain, en leur donnant le droit de « rédiger ou d’abroger une loi ».
Réunis à Versailles, devant la salle historique du jeu de Paume et à Paris devant l’Opéra Garnier, les Gilets jaunes ont affirmé : « Nous faisons le serment de ne pas nous séparer avant d’avoir obtenu la présentation devant le peuple français par référendum du RIC, du recul des privilèges d’État et de la baisse des prélèvements obligatoires. »
Dans une note sur la nouvelle revendication des protestataires français, RT souligne que le RIC permettra aux citoyens d’avoir le dernier mot. Dans ce sens, plus de 60.000 personnes ont signé une pétition relayée par des groupes de Gilets jaunes.
« Le RIC permettrait donc à toute proposition d’un citoyen français – qu’elle soit législative, abrogatoire, révocatoire ou constituante – de faire l’objet d’un référendum national, si tant est qu’elle regroupe un nombre suffisant qui reste à définir de signatures de ses compatriotes », selon l’agence de presse russe.
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Pour mettre en place cette mesure chère aux Gilets jaunes, une modification de l’article 3 de la Constitution est nécessaire. Depuis la réforme de la Constitution en 2008, il faut en effet réunir « un cinquième des membres du Parlement, soutenus par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales », soit au moins 185 députés et sénateurs et plus de 4,5 millions d’électeurs, pour pouvoir déclencher un référendum dit d’« initiative partagée ».
Pour le professeur d’économie et de droit Etienne Chouard, qui se penche sur la question d’une réforme des institutions démocratiques depuis plusieurs années, l’instauration du RIC serait un moment « historique » dans l’histoire du pays. « Le RIC est au niveau constituant, c’est-à-dire qui est au-dessus du niveau législatif », a-t-il expliqué au micro de RT France. Selon lui, ce référendum permet au citoyen de décider « non plus quelle est la loi qu’il veut, mais quel est le rôle qu’il veut jouer dans l’écriture de la loi ». Il permet ainsi, selon Etienne Chouard, de s’attaquer aux « causes de l’impuissance » politique du citoyen dans la démocratie actuelle et plus seulement aux conséquences de cette impuissance.