Le syndicat Unité SGP Police-Force ouvrière, deuxième syndicat de la police nationale en France (avec près de 39 % des voix) a annoncé hier, samedi, « l’acte 1 » de sa mobilisation. Le syndicat a voulu surtout attirer l’attention sur la fatigue et l’épuisement psychologique des membres des forces de l’ordre en France, après plusieurs semaines de manifestations des Gilets jaunes et l’attaque de Strasbourg.
« Les policiers sont à bout et ne bénéficient d’aucune reconnaissance », a indiqué le syndicat Unité SGP Police, appartenant à la fédération Force ouvrière (FO) sur Twitter, en annonçant dans la foulée « l’acte 1 de la colère des policiers », se référant clairement aux cinq « actes » de la mobilisation antigouvernementale des Gilets jaunes.
La déléguée syndicale d’Unité SGP Police-Force ouvrière, Linda Kebbab, a parlé samedi sur BFMTV de la naissance d’un mouvement de protestation :
« Au premier janvier 2019, le gel du point d’indice des fonctionnaires reprend. Il y a quelques jours, alors qu’on parlait de la mobilisation héroïque des policiers, le Sénat votait l’allongement des journées de carence en cas d’arrêt maladie. Bref, on a beaucoup de dispositions qui sont contraires aux intérêts sociaux des salariés et plus particulièrement des policiers. Je viens vous l’annoncer solennellement, l’acte 1 des policiers se prépare. »
Selon les analystes, cette annonce serait un nouveau signe du climat de défiance qui s’installe au sein de certains syndicats policiers vis-à-vis du gouvernement. Le 5 décembre dernier, le syndicat Vigi (un syndicat de policiers et de personnel administratif du ministère de l’Intérieur) avait déposé un préavis de grève illimitée à partir du 8 décembre, qui concernait certains fonctionnaires du ministère de l’Intérieur.
Le syndicat avait appelé aussi les forces de l’ordre à user de leur droit de retrait qui permet à tout salarié d’arrêter son travail et de quitter son lieu de travail, lorsqu’il estime faire face à un danger grave :
« N’allez pas vous faire blesser, mutiler ou tuer pour des personnes qui pensent que vous êtes de la chair à canon. Pensez à vous, vos familles et vos proches. »
Le 3 juillet, un rapport sénatorial avait dressé un tableau très sombre de l’état des forces de sécurité intérieure, et en particulier de la police nationale française, parlant de fonctionnaires « au bord de la rupture ».
En outre, le syndicat policier Alliance Police nationale avait dénoncé le jeudi 13 décembre une « situation explosive » chez les forces de l’ordre, mises à « rude épreuve » entre nouvelle mobilisation des Gilets jaunes et la lutte antiterroriste, après l’attentat de Strasbourg.
Selon Frédéric Lagache, numéro deux du syndicat Alliance, les policiers « entre épuisement et colère, en ont assez des gratitudes et veulent des actes » de la part du gouvernement. « Des commissariats vont finir par fermer », a prévenu le syndicaliste.
Dans une vidéo postée sur Facebook, le syndicat dénonce lui aussi le vote au Sénat d’une disposition visant à porter les jours de carence en cas de maladie d’un à trois.