Quelques jours après que les États-Unis ont exigé au Pakistan l'aide de son armée pour résoudre le conflit en Afghanistan, le Premier ministre pakistanais a affirmé que l'armée de ce pays n'était plus aux ordres des Américains et qu'elle ne mènerait plus aucune guerre pour le compte des autres. Il s'agit là d'une réponse cinglante à Washington de la part d'une armée pakistanaise qui a longtemps joué le jeu des États-Unis. Le rapprochement d'Islamabad avec l'axe sino-russe est pour beaucoup dans cette prise de position du Pakistan.
Le Premier ministre pakistanais Imran Khan a déclaré donc que les Pakistanais ne s'inclineraient plus devant quiconque. « Notre armée n'est pas une armée à la solde », a-t-il précisé faisant référence à la guerre contre l'Union soviétique dans les années 1980 et à la prétendue guerre contre le terrorisme menée par les États-Unis.
Imran Khan a accusé les États-Unis de « repousser le Pakistan » malgré l'aide du pays pour amener les Taliban afghans à des pourparlers de paix.
Concernant sa guerre verbale avec Donald Trump, sur Twitter, le Premier ministre pakistanais a indiqué :
« Il n’est pas question d’une guerre sur Twitter ; mais l’objectif est de poser le cadre d'une bonne coopération entre les deux pays. »
Imran Khan et Donald Trump ont été impliqués dans une dispute sur Twitter le mois dernier après que le président américain eut laissé entendre que le Pakistan avait hébergé Oussama Ben Laden, alors qu'il recevait des milliards de dollars d'aides US.
Imran Khani a de nouveau rejeté les allégations américaines sur l’existence des repaires des Taliban sur le sol pakistanais, avant d’ajouter :
« Nous avons à plusieurs reprises demandé aux Américains de mettre sur la table leurs preuves sur l'existence des abris des Taliban sur notre territoire ».
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« La ligne frontalière entre le Pakistan et l'Afghanistan est hautement sous surveillance. En outre, les Américains disposent de moyens modernes, dont des satellites et des drones grâce auxquels toute circulation dans cette zone est surveillée », a précisé le Premier ministre pakistanais.
Interrogé par le journaliste du Washington Post, Imran Khan a déclaré:
«Je ne voudrais jamais avoir une relation dans laquelle le Pakistan est traité comme une arme à feu louée - on lui donne de l'argent pour combattre quelqu'un d'autre ».
Le Premier ministre pakistanais a déclaré au journal que la paix en Afghanistan va dans l'intérêt du Pakistan. Que le Pakistan s'était engagé à faire pression sur les Taliban afghans, mais que c'était « plus facile à dire qu'à faire », « environ 40% de l'Afghanistan étant actuellement hors contrôle du gouvernement ».
Les prises de positions du Premier ministre pakistanais plaisent de moins en moins aux États-Unis qui ont réussi depuis les années 80 à appliquer leurs projets impérialistes dans la région en se faisant aider essentiellement de l'armée pakistanaise. La propension d'Islamabad vers la Chine et le camp Est semble donner de plus en plus du grain à moudre aux États-Unis qui peinent à avoir une politique de sortie précise en Afghanistan.