Depuis samedi 1er décembre les Américains sont à nouveau en état de choc : leur secrétaire d'État accuse l'Iran d'avoir fait un teste balistique non ordinaire qui violerait la résolution 2231 du Conseil de sécurité, laquelle, rappelons-le, a déjà été violée et à tambour battant par les États-Unis eux-mêmes. La France et la Grande-Bretangne, elles, ont mis deux jours avant de se dire "inquiets" par ce teste de missile attribué à l'Iran.
Dans la foulée, les États-Unis ont annoncé l'envoi d’ici la fin de la semaine, du porte-avions polyvalent américain à propulsion nucléaire, USS John C. Stennis (CVN-74) dans le golfe Persique qu'ils feront accompagner par leur flotte. C’est la première fois, depuis 8 mois, qu’un porte-avions américain se déploie d'ailleurs dans la région. Officiellement, et à en croire The Wall Street Journal, ce navire devra "appuyer les opérations américaines contre les résidus de Daech en Syrie et la guerre en Afghanistan" mais dans les faits, "ce navire qui restera 2 mois dans la région du golfe Persique mènera également des opérations de dissuasion face à toute « activité hostile » de l’Iran.
Mais pourquoi cette panique du côté américain?
Le test de missile au nom de quoi Mike Pompeo exige désormais à l'Europe d'adopter des "sanctions ciblées" contre l'Iran, n'a été au demeurant ni infirmé ni confirmé par les autorités iraniennes qui ont toutefois souligné que l'Iran poursuivra "assidûment" ses testes de missiles, tant qu'il y aura des menaces contre sa sécurité nationale. Samedi 2 décembre, le porte-parole des forces armées iraniennes, le général Abolfazl Chekartchi a été bien clair. Il a indiqué, au grand dam des Américains et d'Israël que ni les tests de missile ni le pouvoir défensif de la République islamique d’Iran ne cesseront d’être au service du pouvoir de dissuasion du pays. » : « Nous assurons aux pays de la région que l’Iran ne menace nullement leurs intérêts. Notre programme vise à développer notre pouvoir de dissuasion et notre défense… Si les États-Unis et leurs alliés commettent la moindre erreur stratégique dans la région, l’Iran leur assénera une gifle dont ils se souviendront pendant longtemps. », a tenu à souligner le général.
De quel pouvoir dissuasif s'agit-il? Le teste balistique attribué à l'Iran et qui selon les sources américaines et israéliennes, aurait eu lieu en plein golfe Persique, aurait impliqué des missiles de longue portée. DEBKAfile, site proche du renseignement de l'armée sioniste croit même savoir son nom : Khoramshahr. Si l'information fournie par le site est exacte, il s'agirait d'un missile balistique de conception iranienne ultra puissant d'une portée de 2000 kilomètres et capable de transporter plusieurs ogives avec un poids total de 1800 kg. Cet engin aurait, toujours selon le site, "parfaitement réussi son essai", ce qui, encore d'après DEBKA, changerait totalement la donne au Moyen-Orient, faisant passer la nature du conflit "Israël/USA-Iran" d'aérienne à balistique".
Khoramshahr avait été effectivement dévoilé lors d'un défilé militaire iranien en 2017 et le Commandant en chef du CGRI, le général Hajizadeh avait annoncé sa livraison rapide aux forces armées iraniennes. Pour le reste, le Président iranien, en visite à Chahroud au centre de l'Iran, a affirmé ce vendredi que l'Iran ne cédera à aucun chantage :" Si les États-Unis cherchent à bloquer les exportations du pétrole iranien, aucun convoi pétrolier ne quittera le golfe Persique".
Quelques heures avant le supposé test balistique iranien, Israël prenait pour cible de ses missiles LORA le sud de la Syrie où il a du faire face à une violente riposte syro-russe.