« Ce n’est pas seulement les hommes politiques et les généraux israéliens qui cherchent la guerre ; les citoyens israéliens, eux aussi, ne peuvent pas vivre sans guerre. » C’est ce que rappelle le journaliste israélien Rogel Alpher, dans un article pour le journal Haaretz qui porte sur l’esprit des colons israéliens, intellectuellement très dominés par la propagande du régime israélien.
Les résultats des sondages montrent que les Israéliens sont pour la plupart contre l’attitude de Benjamin Netanyahu de provoquer sans cesse des tensions à Gaza, mais paradoxalement, les citoyens israéliens cherchent eux aussi la guerre dans cette région, précise l’article.
Des guerres en série contre la bande de Gaza n’ont jamais réinstauré une accalmie durable le long des frontières ; par contre, elles ont imposé de grosses pertes en vies humaines aux Israéliens, des dizaines de militaires ayant perdu la vie. Mais les Israéliens continuent à croire que si la guerre actuelle ne leur apporte pas un calme persistant, il leur faudra provoquer une plus grande guerre qui aboutirait à une occupation de la bande de Gaza ; une guerre qui, selon Haaretz, n’aura aucun autre acquis pour les Israéliens que plus de morts et de blessés, bref, plus de malheur.
L’opinion publique israélienne sait très bien que les raids aériens n’auront aucune efficacité lorsqu’il s’agit de contraindre les Gazaouis à se résigner, et pourtant, les Israéliens cherchent toujours et encore à déclencher une nouvelle guerre, écrit Rogel Alpher pour Haaretz.
Éviter la guerre, pour les Israéliens, est l’équivalent de céder face au terrorisme et de renoncer à leur pouvoir dissuasif.
« Ils veulent revivifier le pouvoir dissuasif d’Israël alors que ce dernier n’a remporté la victoire dans aucun conflit depuis la guerre des Six-Jours [mars 1967]. Nombreux sont les militaires israéliens à avoir perdu la vie dans les première et deuxième guerres du Liban, de même que dans les guerres contre la bande de Gaza, juste pour assurer les [soi-disant] capacités dissuasives d’Israël, afin que les habitants des colonies à peuplement juif n’aient pas l’impression d’avoir cédé face au terrorisme. »
« Ce n’est pas seulement les hommes politiques et les généraux de l’armée israéliens qui cherchent la guerre ; les citoyens israéliens, aussi, ne peuvent pas vivre sans guerre. Ils font aveuglement confiance à la capacité de l’armée israélienne à gagner les guerres ; or, aucune expérience ne confirme cette conviction. Tout au contraire, Israël n’a réussi à faire aboutir aucune guerre à des résultats définitivement en sa faveur, depuis une cinquantaine d’années. Mais l’opinion publique israélienne reste toujours aussi profondément attachée à cette conviction. »
L’article de Haaretz précise que les Israéliens ne souhaitent pas à interagir avec Gaza par des moyens politiques. Ils ne cherchent pas de solution pour résoudre la crise humanitaire dans cette région. Ils ne sont pas à la recherche d’une approche stratégique pour éviter la guerre ; par contre, à chaque fois qu’une trêve est annoncée, beaucoup d’Israéliens en sont navrés, écrit Haaretz qui ajoute :
« Les Israéliens ne veulent pas tirer leçon de leurs expériences du passé. L’opinion publique israélienne est obsédée par une idée reçue, en ce sens que l’armée israélienne sortira vainqueur de toutes les guerres. Les Israéliens ont la mémoire courte, signe de leur stupidité. Ils vivent un monde qu’ils ont inventé rien que pour eux-mêmes ; à l’instar d’Avigdor Lieberman qui a offert à Ismaïl Haniyeh ces 48 heures de guerre en or [au cours des récents événements à Gaza], pour que cette fois-ci, l’obus explose en plein visage des Israéliens. »