En France, le gouvernement tente de diaboliser les « gilets jaunes », selon un rapport du quotidien français Le Temps, paru le 25 novembre.
« Séditieux de l’ultra-droite », « peste brune »: dans la majorité, les éléments de langage sont clairs: mettre les violences des «gilets jaunes» sur le compte de la présidente du Rassemblement national. Mais, pour l’instant, aucune force politique n’est en mesure de récupérer l’inclassable mouvement.
Selon Le Temps, en marge des manifestations de « gilets jaunes », émaillées de dérapages violents, le ministre français de l’Intérieur Christophe Castaner est passé directement de la case « maintien de l’ordre » à la case « offensive politique ». Il a directement mis en cause la présidente du Rassemblement national (ex-Front national), Marine Le Pen, l’accusant d’avoir appelé à manifester sur les Champs-Élysées et d’avoir ainsi ouvert la voie à des « séditieux de l’ultra-droite ».
La réalité est plus complexe. Marine Le Pen s’est en effet interrogée en fin de semaine dernière sur le fait que les «gilets jaunes» n’auraient pas droit à ce qu’on appelle « la plus belle avenue du monde » (du moins quand il n’y a ni casse, ni incendie, ni barricade). Mais elle n’a pas formellement appelé à manifester.
Pour en savoir plus: E-Press du 24 novembre 2018
Dans la manifestation, on y voyait surtout des « gilets jaunes » sans appartenance politique, lassés de tout, déçus par tout et qui ont tendance, depuis quelques jours, à passer de la demande de baisse des taxes à la démission d’Emmanuel Macron.
Le piège tendu par le président de la République et sa majorité (le ministre Gérald Darmanin a évoqué « la peste brune ») est gros comme une maison: tenter d’imposer l’idée que le mouvement des « gilets jaunes » est une affaire de l’extrême droite et que la politique française se résume à un face-à-face entre Marine Le Pen et lui-même, entre « les nationalistes » et les « progressistes », à six mois des élections européennes, explique le journal.
Emmanuel Macron semble tenté de jouer le pourrissement du conflit, mais pourra-t-il vraiment en sortir sans faire quelques concessions ? Réponse mardi, puisqu’il doit présenter le « plan de programmation pluriannuelle de l’énergie », avec notamment l’annonce de la création d’un « Haut Conseil pour le climat » peu susceptible de faire baisser la température.