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Pourquoi Israël demande-t-il le report de l’annonce officielle du « Deal du siècle » ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Pour Donald Trump, l’Arabie saoudite serait la pièce maîtresse du « Deal du siècle ». ©AFP

« Qu’y a-t-il derrière la demande israélienne de reporter l’annonce officielle du plan “Deal du siècle” ? », s’interroge l’analyste arabe Abdel Bari Atwan.

Dans une note publiée dans le journal Rai al-Youm, Atwan pose plusieurs questions : pourquoi après la défaite israélienne dans la Bande de Gaza, Benjamin Netanyahu a-t-il demandé le report de l’annonce officielle du plan « Deal du siècle » ? Le Deal du siècle aura-t-il une chance de survivre après les crises auxquelles sont aux prises le président américain Donald Trump et le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ? Pourquoi le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a-t-il rejeté la médiation du roi de Jordanie pour une rencontre avec Trump en marge du sommet annuel de l’Assemblée générale de l’ONU ? Le président Abbas est-il autorisé à signer un document comme le « Deal du Siècle » ?

Abdel Bari Atwan, éditorialiste de Rai al-Youm

Selon l’éditorialiste de Rai al-Youm, tous les principaux acteurs du « Deal du siècle », que ce soit Trump, Netanyahu, Mohammad ben Salmane ou Mahmoud Abbas, se trouvent confrontés à des crises importantes.

D’après un haut responsable jordanien, interviewé il y a une dizaine de jours par Rai al-Youm, le président des États-Unis Donald Trump avait établi des contacts avec les parties concernées pour faire des coordinations nécessaires afin de pouvoir annoncer officiellement le plan du « Deal du siècle » avant la fin du mois de novembre.

Selon ce responsable jordanien qui a requis l’anonymat, le roi Abdallah II de Jordanie a tout fait pour organiser une rencontre entre Donald Trump et Mahmoud Abbas en marge du sommet de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Mais le président palestinien a vigoureusement rejeté la demande, car il estimait que la rencontre avec Trump, après le transfert de l’ambassade des États-Unis à Qods, signifierait que la partie palestinienne accepte ou reconnaît le « Deal du siècle » et qu’elle est prête à en discuter les clauses.

De son côté, le Premier ministre du régime israélien, Benjamin Netanyahu subit les conséquences de l’échec sur les plans militaire et du renseignement de l’armée israélienne à l’est de Khan Younes dans la bande de Gaza, mais aussi les impacts de la démission de son ancien ministre des Affaires militaires, Avigdor Lieberman. Ce dernier prétendait vouloir mener une guerre contre le Hamas en attaquant massivement la bande de Gaza.

Atwan écrit : « Pour Netanyahu, ce que proposait Lieberman n’était qu’un suicide étant donné le coût politique et humain d’une guerre contre la Résistance dans la bande de Gaza ; d’autant plus que les nouvelles roquettes du Hamas ont révélé la faiblesse du Dôme de fer. »

Selon l’éditorialiste de Rai al-Youm, le président Trump se trouve lui aussi devant de graves problèmes internes et externes. Les républicains ont perdu la majorité à la Chambre des représentants des États-Unis. Le Congrès semble ne plus être prêt à accepter la position de Trump qui consiste à défendre coûte que coûte les alliés saoudiens de Washington, après la révélation du rôle du prince héritier Mohammad ben Salmane dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul.

Le Congrès ne semble pas vouloir accepter facilement les justifications de l’administration Trump pour continuer à soutenir le prince saoudien. Ce qui est plus dangereux pour Trump, c’est que les membres du Congrès et les médias américains exigent des enquêtes sur les transactions financières et commerciales du président Trump et de son gendre Jared Kushner avec l’Arabie saoudite.

En ce qui concerne le président de l’Autorité autonome palestinienne, Atwan estime que la signature du « Deal du siècle » ne sera pas facile pour Mahmoud Abbas. Atwan écrit : « En premier lieu, l’opposition du président Abbas au “Deal du siècle” est personnelle, car il a dit à son entourage qu’il ne veut pas que la postérité se souvienne de lui comme un “traître”. En second lieu, il faut rappeler que le président Abbas ne représente que le Fatah et l’Autorité autonome, et que de nombreux autres groupes palestiniens s’opposent au plan américain. »

Quant au prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, Abdel Bari Atwan estime qu’il a perdu toute sa crédibilité après la révélation de son rôle direct ou indirect dans l’affaire de l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Atwan écrit : « Pour Trump, le prince saoudien est la pièce maîtresse du “Deal du siècle”. Le président américain estime que sans lui, Israël aurait de grandes difficultés au Moyen-Orient. La presse israélienne confirme que c’est Mohammed ben Salmane qui avait organisé le voyage du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu à Mascate, capitale du Sultanat d’Oman, puis à Bahreïn. Autrement dit, du point de vue des Américains, Mohammed ben Salmane est le parrain du processus de la normalisation des relations des États arabes avec le régime israélien, bien que l’opinion publique arabe et saoudienne s’y oppose farouchement. »

D’après Abdel Bari Atwan, le déploiement des efforts depuis quelques semaines pour accélérer le processus de normalisation des relations entre Israël et les États arabes du sud du golfe Persique poursuit deux objectifs : l’annonce officielle du « Deal du siècle » et la formation d’une « OTAN arabe » sous le commandement d’Israël.

L’auteur estime que si Netanyahu demande maintenant le report de l’annonce officielle du « Deal du siècle », c’est en raison du renforcement de la position des adversaires de ce plan, c’est-à-dire la Résistance palestinienne, qui a infligé un revers à Israël dans la bande de Gaza.

Les événements dans la région montrent, selon Abdel Bari Atwan, que la politique conjointe des États-Unis, d’Israël et de leurs alliés arabes est en train d’échouer face à l’axe de la Résistance. Atwan en donne des exemples : « Saleh al-Arouri, haute personnalité du Hamas et commandant de sa branche militaire les Brigades al-Qassam, se rend au Caire à la tête d’une délégation de la Résistance, alors même que son nom figure sur la liste noire du renseignement américain. Le secrétaire général du Hezbollah libanais, Seyyed Hassan Nasrallah, se trouve dans une situation très confortable à Beyrouth et détient la clé du nouveau gouvernement libanais. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV