Le scénario anti-iranien qui a débuté en juin dernier, en pleine tournée du président iranien en Europe semble promise à la durée. Après que la France "macroniste" a accusé l'Iran d'avoir tenté de "commettre un attentat terroriste sur le sol français" et décidé sans preuve fiable, de geler les avoirs iraniens, d'expulser un diplomate et de réduire le niveau des liens bilatéraux et tout ceci, en reprenant sans cesse l'antienne, "on veut préserver l'accord nucléaire", c'est au tour de Danemark de jouer le même jeu. Le petit royaume scandinave qui n'a toujours pas daigné répondre à l'opinion iranienne pour son soutien explicité à un groupuscule terroriste, le dénommé "Al-Ahwaziya", coupable du meurtre en septembre dernier de 25 ressortissants iraniens, lors d'un défilé militaire, vient de rappeler son ambassadeur en poste à Téhéran pour des motifs qui restent bien obscures.
Mais de quoi s'agit-il?
Un Norvégien d'origine iranienne, en rapport présumé avec l'ambassade d'Iran à Copenhague, aurait cherché à attaquer les membres du groupuscule terroriste d'Al-Ahwaziyah. À quelques détails près, le scénario reprend mot à mot celui de Villepinte, le rôle du Norvégien ayant été joué par deux belges, là aussi d'origine iranienne que la France a tôt fait d'accuser de complicité avec l'Iran dans le cadre d'un projet d'attentat visant les "opposants iraniens".
Mais que cherchent les Européens?
Toujours est-il que le Danemark a annoncé, mardi 30 octobre, avoir rappelé son ambassadeur à Téhéran pour des consultations, disant, tout comme la France, avoir déjoué un projet d'attaque sur son sol qui aurait du viser des ressortissants iraniens. Dans l'un comme l'autre cas, aucun des deux États accusateurs ne se donnent évidemment pas la peine de rendre publique des preuves, se permettant d'être à la fois juge et partie et cherchant surtout à tirer un intérêt médiatique de l'affaire. Ainsi, tout comme la police belge, la police danoise a arrêté, le 21 octobre sans preuve ni argument, un Norvégien d’origine iranienne qu'elle dit soupçonner d'avoir cherché à préparer un attentat contre un "opposant" au Danemark.
Par la suite, les supputations de la police auront suffi pour que le ministre danois des Affaires étrangères Anders Samuelsen apparaisse devant les caméras et déclare qu’il était "convaincu que le gouvernement iranien était derrière ce projet d'attaque"! Le ministre est même allé plus loin en déclarant aussitôt : "Nous allons tenter d’imposer dans le cadre de l’Union Européenne (UE) de nouvelles sanctions à l’Iran".
Pour les analystes politiques qui suivent de près les évolutions des relations irano-européennes après le retrait Us de l'accord nucléaire, le Danemark n'aurait pas pu agir de la sorte si ce n'était pas des interférences américaines. Selon l'expert des questions internationales, Hadi Mohammadi, "les accusations infondées de Copenhague qui reprennent le même scénario que celles formulée par la France, sont propres à dispenser l'Europe de sa responsabilité en ce qui concerne la protection et la préservation du PGAC (accord nucléaire). Chercher de la sorte à diaboliser l'Iran est une fuite en avant. Depuis le mois de mai, l'Iran n'a cessé en effet de tout faire pour sauver l'accord de 2015 sans aucun appui européen digne de ce nom. Les sanctions US ont conduit à l’élimination des entreprises européennes en Iran et a porté atteinte aux intérêts de l'Europe mais celle-ci est restée les bras croisés. Que le Danemark, dont les liens commerciaux avec l'Iran sont quasi inexistants, veuille s'en mêler de l'affaire et ce, de la pire des façon, il y a là plutôt un piège tendu à ceux des pays d'Europe qui maintiennent des liens commerciaux plus larges avec l'Iran et je pense à l'Allemagne, à l'Italie par exemple, la France ayant décidé de éliminer elle-même. En tous cas en se basant sur les documents fournis par le Mossad, Paris s'est donné à un jeu bien trouble qui pourrait finir par effacer l'Europe de la scène iranienne et au-delà de la scène moyen-orientale, tout comme le souhaitent les États-Unis".
Le porte-parole de la diplomatie iranienne, Bahram Qassemi, a réagi aux allégations danoises en les rejetant et en les qualifiant de tendancieuses. "Elles sont le prolongement des complots fomentés par ceux qui ne supportent pas que l'Iran entretiennent de bonnes relations avec l’Europe", a-t-il déclaré.