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Khashoggi : la France attendra les résultats de son renseignement pour décider de possibles sanctions

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le prince héritier Mohammed ben Salmane reçu par Emmanuel Macron, lors de sa visite officielle en France. ©AFP

La sortie pro-vente d'armes à Riyad du président français ce mardi 23 octobre a profondément choqué l'opinion. Lors d'une visite au salon Euronaval, Emmanuel Macron a refusé de répondre aux questions sur un éventuel arrêt des ventes d'armes de la France à l'Arabie saoudite, comme l'a demandé l'Allemagne à tous les Européens.

"Mon agenda n'est pas dicté par les médias, que ça vous plaise ou non. Je suis sur un autre sujet. Ça n'a rien à voir avec le sujet qu'on est en train de traiter. Rien. Rien. Donc je n'y répondrai pas. Je regrette. Ça continuera tant que je serai à la place à laquelle je suis. Que ça plaise ou que ça déplaise", avait répondu avec un net agacement le président français. Les journalistes lui demandaient en effet et comme cela se doit,  si la France comptait suspendre ses ventes d'armes à Riyad, comme l'a demandé lundi à tous les Européens le ministre allemand de l'Economie Peter Altmaier, tant que l'Arabie saoudite n'aura pas fait toute la lumière sur le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. Pour un président qui représente la plus solide démocratie occidentale, cette réponse avait l'allure d'un défi et d'une terrible révélation : la France, troisième exportateur de matériel militaire vers Riyad après les États-Unis et la Grande-Bretagne, ne semble pas vouloir changer sa politique malgré l'homicide du journaliste Jamal Khashoggi revendiqué par Riyad et que presque la quasi totalité de l'Occident attribue au prince héritier saoudien, Ben Salmane. 

Le journal Libération vient de publier un article qui lève un coin de voile sur ce commerce de morts auquel se livre obstinément la Macronie et les chiffres sont ahurissants 

"Sur les dix dernières années, ajoute le journal, l’Arabie Saoudite est le second acheteur d’armes françaises, avec 11,1 milliards d’euros de prises de commande depuis 2008, le premier client étant l’Inde". Plus loin dans son article, Libération ajoute : " Le marché saoudien représente 13,5% du total de ventes d’armes françaises depuis 2008, soit un peu plus d’1 milliard d’euros par an. Il s’agit d’une part importante, mais probablement pas vitale : le secteur de l’armement devrait largement être à même de survivre sans ce marché....Cependant, même s’il semble que la France, au niveau strictement financier, pourrait se permettre de passer l’éponge sur le marché saoudien, il est peu probable qu’elle le fasse."

Mais pourquoi?

Le journal estime que l'annulation des contrats similaires aurait bien nui à la France : "Exemple récent en date, l’affaire des Mistrals, des porte-hélicoptères fabriqués par la France qui devaient être livrés à la Russie, mais pour lesquels le contrat a été annulé en raison de l’invasion de la Crimée par l’armée Russe. Ces bâtiments, au prix de multiples pourparlers, ont finalement pu être revendus à l’Égypte, mais l’opération a été très coûteuse pour la France". 

Mais l'Arabie saoudite et la Russie sont-elles comparables? À l'heure qu'il est, le régime de Riyad mène l'une des plus terrifiante entreprise d'extermination de masse au Yémen où les civils périssent par centaines chaque semaine sous les bombes et autres engins conventionnelles et non conventionnelles.  Sous pression d'une opinion publique scandalisée dans la foulée des propos présidentiels, le porte-parole du gouvernement français, Benjamin Griveaux a annoncé que Paris "pourrait imposer" des sanctions aux Saoudiens si "ses services de renseignement confirment que le gouvernement saoudien est à l'origine de l’assassinat de ce journaliste saoudien critique du pouvoir" :  "Jusqu'à ce que la vérité ne soit pas clairement identifiée et vérifiée par notre service du renseignement, nous ne prendrons aucune décision".

Cette déclaration pleine d'ambiguïtés du porte-parole du gouvernement français n'est pas pour rassurer l'opinion car les renseignements français passent souvent des services intimement liés au renseignement israélien. À vrai dire, la France ne pourra mettre un terme à ses ventes "criminelles" d'armes à l'Arabie saoudite puisque Paris prend désormais directement part à la guerre sur la côte ouest. Depuis le début de l'été, l'État français a envoyé ses forces de "déminage" à Hudaydah sur la côte ouest yéménite et ce, dans le cadre d'une offensive censée en finir avec le concept même d'un Yémen souverain. Cette opération dont le CentCom se trouve au sud de l'Érythrée s'est soldée jusqu'ici par la mort des milliers de civils qui, rappelons-le, ne sont pas tous des "rebelles houthis". Hopitaux, écoles, maisons, places publiques, tous y sont passés sans que la France de Macron et ses alliés s'en sentent le moindre du monde vexé ni ému. "Mon agenda n'est pas dicté par les médias, disait le président aux journalistes. Soit. Mais les droits de l'homme à vivre en dignité, libre et souverain, ne dicte-t-il pas non plus votre agenda, M. le Président? 

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV