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Essais nucléaires français : Plainte en Polynésie contre la France à la CPI

Un panneau barrant l'accès à un terrain militaire sur l'atoll de Muruora ©WITT/SIPA

Oscar Temaru, le dirigeant indépendantiste de la Polynésie, un archipel français situé dans le Pacifique et qui compte 270.000 habitants, a déposé la plainte auprès de la Cour pénale internationale de La Haye, pour crime contre l’humanité en raison des essais nucléaires expérimentés en Polynésie, essais mortels datant des années 50-60 et dont les effets continuent à affecter la population. 

Oscar Thamarou, ancien président polynésien et actuel leader du parti Tavini Huiraatira, a affirmé qu’il a déposé la plainte devant la Cour pénale internationale (CPI) contre la France, rapporte mercredi l'agence russe Sputnik.

Rassemblement pour l’indemnisation des victimes du nucléaire français à Papeete en 2009. ©IP3 

« C'est avec un grand sentiment de devoir et de détermination que le 2 octobre nous avons déposé une plainte auprès de la Cour pénale internationale pour crimes contre l'humanité. Cette poursuite en justice a pour objectif de demander des comptes à tous les présidents français encore en vie depuis le début des essais nucléaires contre notre pays », a-t-il dit.

« Pour nous, les essais nucléaires français ne sont que le résultat direct d'une colonisation. Contrairement au discours français, nous n'avons pas accepté d'accueillir ces essais, ils nous ont été imposés avec la menace directe de l'établissement d'une gouvernance militaire si nous refusions », a aussi affirmé Oscar Temaru. 

Le dirigeant indépendantiste polynésien Oscar Temaru, le 24 juillet 2014 à Papeete (Polynésie française) ©AFP/archives

Crimes contre l'humanité 

De 1966 à 1996, les atolls de Mururoa et Fangataufa ont été le théâtre de 193 essais nucléaires français qui ont eu des effets sur la santé des populations et l'environnement. Une récente étude signée Dr. Christian Sueur sur des enfants polynésiens dont les grands-parents ont travaillé sur les sites des explosions atomiques atmosphériques est particulièrement révélateur des effets subis par la population polynésienne. Parue dans les colonnes de Le Point, l'étude se concentre sur des consultations et des recherches cliniques, menées entre 2012 et 2017. Un travail réalisé à Tahiti, et dans cinq archipels, en particulier aux îles des Tuamotu-Gambier, l’une des zones les plus touchées par les retombées radioactives des 46 essais atmosphériques polynésiens menés durant huit ans à Mururoa et Fangataufa. 

Source : Le Point

"Selon l'étude, 271 enfants ont consulté pour des troubles envahissants du développement des services . Parmi ces jeunes patients, 69 d’entre eux ont également développé des anomalies morphologiques et/ou des retards mentaux. Dans son rapport, le praticien relève des pathologies liées à des déficiences génétiques, susceptibles d’avoir été provoquées par des retombées radioactives sur les « cellules germinales » des grands-parents, avant de se transmettre sur plusieurs générations, affirme l'étude citée par Le Point. 

La grande majorité de ces enfants ont en effet des aïeux qui ont travaillé sur place à l’époque des essais nucléaires et dont les parents sont nés à cette période. Fait troublant, plus de 70 % de ces enfants ont des parents mais aussi des frères et sœurs qui ont développé des pathologies tel que leucémies, cancers du rein ou de la thyroïde. Autant de pathologies radio-induites, c’est-à-dire des maladies considérées comme pouvant être liées aux retombées radioactives.

Certaines données relevées dans les îles des Tuamotu-Gambier posent question. À Tureia, atoll habité le plus proche de Mururoa et touché par 39 retombées radioactives, un enfant sur 4 est atteint d’un cancer de la thyroïde, de jeunes adultes sont décédés à la trentaine ou ont développé des pathologies héréditaires. Sur près de 300 habitants, le docteur Sueur a relevé une vingtaine de pathologies possiblement radio-induites, soit une morbidité d’une personne sur 5. À Reao, où vivent 369 habitants, près de 10 % de la population est touchée par une maladie radio-induite.

En 2010, une loi a instauré un dispositif d'indemnisation mais il est jugé trop restrictif, selon des associations de vétérans touchés par des maladies radio-induites. C'est seulement en 1996 que l'ex président français, Jacques Chirac a mis fin à ces essais. On estime à 150.000 le nombre de personnes qui ont assisté aux 210 essais nucléaires français mais des générations entières continuent à en souffrir. 

Une première étude médicale réalisée par les associations sur les vétérans montre que des milliers d’entre eux font face à de graves problèmes physiques et diverses maladies dont cancer.

Vue extérieure datée du 06 juin 2000 du bunker qui abritait le poste de commandement de tir lors des expériences nucléaires sur l'atoll de Mururoa ©AFP
Capteur sismique à Mururoa le 13 février 2014 ©AFP/Archives/GREGORY BOISSY
Un des sites polynésiens à partir duquel l'armée française a mené des essais nucléaires. ©AFP/Archives/GREGORY BOISSY
Un des sites d'essais nucléaires de l'armée française (www.investigaction.net)

 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV