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Pourquoi les USA proposent-ils à l'Iran "une connexion au réseau commun" de communication militaire américano-russe en Syrie?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Photo de missiles tirés de l'ouest de l'Iran contre le QG des terroristes à Hajin à l'est de la Syrie, 1er octobre 2018. ©AFP

La réaction américaine à la frappe balistique iranienne contre Hajin à Abou Kamal a été singulière : d'une hostilité ouverte, les Américains en sont désormais à proposer à l'Iran "une connexion au réseau commun de communication militaire américano-russe". À ceci s'ajoutent des rapports publiés par les Think Tanks américains qui font état, ces derniers jours, de l'incapacité US à faire face à une guerre généralisée ayant plusieurs fronts. Pourquoi? 

Dans son index sur la capacité de l’armée américaine, le laboratoire d'idées et lobby américain basé à Washington, Foundation Heritage écrit que malgré le budget alloué à l’armée américaine, celle-ci aurait du mal à se battre si elle était forcée à faire face à deux conflits simultanément . 

" Les équipements militaires modernes de l'armée américaine représentent les deux tiers de ce qu'ils devraient être. Les équipements utilisés sont également plus anciens et moins performants, et leur utilisation au niveau d’alerte engendrera des problèmes ", indique l’index de la force militaire américaine publiée par la Fondation Heritage qui propose des analyses des problèmes de politique de défense de l’année écoulée.

« L'armée américaine serait en mesure de se prendre en charge de manière adéquate dans un seul conflit régional majeur, mais elle ne sera jamais en mesure de participer en même temps à deux actions militaires, faute d'équipements militaires », précise le rapport en une allusion à peine voilée aux risques de guerres multiples qu'encourent en ce moment les États-Unis en Syrie. 

Le rapport tombe deux jours après les propos tenus par le général américain, Joseph Votel, chef du commandement central du Pentagone. Pour la première fois depuis le début de la guerre en Syrie et alors que le secrétaire d'État Mike Pompeo et le conseiller à la sécurité nationale US, John Bolton ne jurent que par un "retrait volontaire ou forcé de l'Iran" de la scène syrienne, et ce, par égard pour les intérêts illégitimes d'Israël, le général appelle à ce que "l'Iran utilise le réseau commun de communication militaire américano-russe", conçu pour prévenir tout conflit d'envergure. Le général américain a dit : « Nous avons un réseau de communication conjoint très professionnel avec les Russes, qui a jusqu’à présent très bien fonctionné. Ce réseau de communication a assuré la sécurité de nos forces lors des attaques aériennes en Syrie. Je pense que les Iraniens pourraient également bénéficier de ce réseau ». 

Les analystes politiques ne peuvent s'empêcher de voir à travers cet appel américain une quasi-capitulation américaine face à l'Iran en Syrie, et ce, au détriment d'Israël. En effet, la frappe balistique iranienne ayant visé le 1er octobre des cibles situées en Syrie orientale visait moins des camps de Daech qu’à démontrer la capacité de l'Iran à localiser "avec précision un camp militaire secret" où opèrent des forces spéciales israéliennes non loin d'Abou Kamal sur la rive gauche de l’Euphrate. À vrai dire, les missiles balistiques iraniens ont survolé deux camps, le premier occupé par des unités de Marines US et un second site appartenant à Daech, mais où sont stationnées des forces spéciales israéliennes. Pire pour l'axe US/Israël, le tir iranien combinant l’usage de missiles balistiques et de drones bombardiers, visait à démontrer que l’Iran peut atteindre les sites militaires étrangers dissimulés en Syrie orientale en cas d’escalade. 

La menace qu’a fait peser cette frappe aux éléments israéliens de Daech a fait réagir des officiels du Pentagone, qui ont qualifié l’attaque iranienne de « dangereuse » et « imprudente » sans citer la raison réelle de leurs préoccupations. Celles-ci renvoient à vrai dire à la propension d'Israël à l’escalade rapide et à l’action irréfléchie alors qu'il est incapable lui-même de se défendre. La crise autour de l'Il-20 en est un exemple manifeste. La proposition de Vottel à l'Iran à qui il demande de se connecter " au téléphone rouge Russie-USA" s'inscrit dans le même sens. Washington ne veut nullement d’un conflit généralisé et non contrôlé au Moyen-Orient initié par Israël et dont les conséquences seront fatales pour ses troupes, surtout si ce conflit implique l'Iran. À Abou Kamal, Israël a perdu une nouvelle bataille contre l'axe de la Résistance. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV