Un journal britannique a rapporté que le média qui a interviewé l’un des membres du groupuscule terroriste al-Ahwaziya était en fait affilié à l’Arabie saoudite.
Selon The Guardian, l’Ofcom, un régulateur des médias au Royaume-Uni, enquête en ce moment sur une chaîne de télévision liée à l’Arabie saoudite qui a interviewé à la suite de l’attentat terroriste à Ahwaz un membre du groupe terroriste responsable de l’attaque.
L’enquête montrerait ainsi l’influence croissante de l’Arabie saoudite sur les médias basés à Londres.
Le porte-parole du groupe terroriste al-Ahwaziya a déclaré dans un entretien avec la chaîne de télévision Iran international que l’attaque en question était une réponse à la répression des Iraniens arabophones de la ville d’Ahwaz : « Nous n’avons pas d’autre choix que la résistance ! La résistance nationale d’Ahwaz a mené les opérations d’aujourd’hui contre le CGRI et les forces militaires de la République islamique. »
Iran International TV, basée à Chiswick, a ainsi été le premier média en langue persane à s’entretenir avec Yacoub Hor al-Tostari, porte-parole du « Mouvement de lutte arabe pour la libération d’Ahwaz », après l’attaque du 22 septembre.
L’Ofcom a confirmé qu’il enquêtait sur l’entretien. « Nous considérons ce programme de nouvelles comme une priorité dans nos règles de radiodiffusion », a déclaré un de ses porte-parole.
Iran International fait partie d’un nombre croissant de chaînes de télévision basées à Londres mais soutenues par des capitaux du Moyen-Orient, qui tentent d’influencer des audiences à des milliers de kilomètres à la ronde. Des questions ont été soulevées concernant le financement du réseau et ses liens avec l’Arabie saoudite. Rob Beynon, le directeur par intérim de la chaîne, a maintenu sa décision de diffuser l’interview avec le groupuscule terroriste en déclarant néanmoins qu’il considérait l’attaque d’Ahwaz comme une « attaque terroriste ».
« Nous, la BBC et Radio Farda, avons interviewé la même personne au cours de la journée et nous avons déjà dit que cela avait été fait parce que nous voulions connaître le contexte », a-t-il déclaré au Guardian. « Il n’y a pas d’interdiction d’interviewer cette personne pour autant que je sache. »
Iran International a été lancé en mai 2017, peu avant les élections présidentielles en Iran.
Deux autres réseaux en langue persane, BBC Persian et Manoto TV, sont également basés à Londres. Et selon The Guardian, Iran International verse des salaires plutôt généreux à ses employés ; à savoir deux fois plus élevés que ceux offerts par ses concurrents. Ses 100 employés travailleraient aussi dans des locaux très confortables et modernes.
La licence d’Iran International est en outre détenue par une société appelée Global Media Circulating, selon les registres de l’Ofcom. Adel al-Abdulkarim, l’un des deux directeurs de la société, serait un ressortissant saoudien. Une source proche du prince héritier saoudien a déclaré que le budget de ce média est de l’ordre de 205 millions de dollars et que c’est la cour royale saoudienne qui verse cette somme.