Depuis le début de la guerre, Riyad et son allié émirati bénéficient d'un large soutien américain. À Hudaydah, la coalition soi-disant anti-Daech largement bénéficié de l'appui des Américains, d'Israël et de l'OTAN sans pour autant être capable de faire avancer ses objectifs. La défaite Riyad/Abou Dhabi est criante d'où sans doute les premiers désaveux venus de l'autre bord de l'Atlantique : "La coalition d'agression saoudienne devra ouvrir une enquête transparente sur les raids meurtriers qui ont visé un bus d'écoliers à Saada", vient de demander un général américain.
Le plus haut commandant des forces aériennes américaines au Moyen-Orient exhorte la coalition d’agression saoudienne à "ouvrir une enquête transparente" sur la frappe aérienne contre le bus des écoliers à Saada, au début du mois, raid qui a tué plus de 40 enfants, a écrit le journal américain The New York Times.
"Les propos du lieutenant-général Jeffrey L. Harrigian reflètent l'exaspération croissante des responsables américains face au conflit qui a dégénéré en une catastrophe humanitaire, note The New York Times.
Il y a une semaine, le général américain avait dit lors d’une interview téléphonique avec le quotidien américain que la coalition devait expliquer ce qui s’était passé là-bas. Selon les analystes, il s'agit moins d'un cas de conscience pour les Américains que les prémices d'un lâchage US à l'adresse des USA.
Alors que les États-Unis font l’objet de vives critiques pour leurs soutiens à l’Arabie saoudite et ses agressions contre le Yémen, les déclarations du général Harrigian constituent en effet les critiques les plus claires d’un responsable américain à ce sujet.
Le général Harrigian est un ancien pilote de chasse F-22 qui assumait pendant deux ans le commandement des opérations aériennes américaines dans l’ouest et du sud-ouest de l’Asie, depuis le Centcom américain au Qatar. Pourtant, il a démissionné, la semaine dernière, de son poste pour des raisons qui restent inconnues.
Les remarques du général Harrigian ont fait écho à celles d’un autre officier américain de haut rang, le lieutenant général Michael X. Garrett, chef des forces armées américaines au Moyen-Orient. Le secrétaire à la Défense, Jim Mattis, l’a dirigé il y a deux semaines lors d’une visite à Riyad, la capitale saoudienne, pour exhorter les responsables saoudiens à mener une enquête détaillée sur les bombardements des civils.
#Yémen : 40 enfants innocents morts dans un bus
— Press TV Français (@PresstvFr) August 19, 2018
"notre allié, notre missile, notre crime" (Jim Carrey)https://t.co/0IQMfY6Gcj pic.twitter.com/zYklwdQZDX
En mars 2015, l'Arabie saoudite s’est lancée dans une intervention militaire illégitime au Yémen pour restaurer le gouvernement d’Abd Rabbo Mansour Hadi. Jusqu'à présent, il n'a pas réussi à le faire.
Depuis 2015, les États-Unis ont fourni à la campagne aérienne menée par l'Arabie saoudite au Yémen un ravitaillement en vol, des évaluations de renseignements et d'autres conseils militaires. Les conseillers américains disent ne pas donner d’approbation directe ou indirecte sur la sélection des cibles ou l’exécution des attentats à la bombe. Ils donnent plutôt des conseils sur les procédures de ciblage et facilitent la vérification d’une liste de bâtiments «sans grève», tels que les mosquées et les marchés.
Le général Joseph L. Votel, chef du Commandement central du Pentagone, a reconnu lors du témoignage du Congrès en mars dernier que l'armée américaine ne surveillait pas où se dirigeaient les avions saoudiens ravitaillés en carburant, les objectifs visés ou les résultats de ces missions.