L’équipe économique du gouvernement saoudien reste divisée sur le statut de la société Aramco (compagnie nationale saoudienne d’hydrocarbures).
Dans un récent article, le journal Middle East Eye écrit que le ministre saoudien de l’Énergie, Khaled al-Faleh, est tombé en disgrâce auprès du prince héritier de Riyad, juste pour avoir affirmé que l’introduction en Bourse de la compagnie Aramco ne serait pas dans l’intérêt de l’économie saoudienne.
Les efforts de l’Arabie saoudite pour abandonner l’économie pétrocentriste et diversifier ses ressources économiques ont mené à l’impasse, alors que des divisions surgissent au sein de l’équipe économique du prince héritier Mohammed ben Salmane à propos de l’introduction en bourse d’Aramco.
Lire aussi :
Selon l’article, MBS a déjà pris certaines mesures d’austérité afin de réduire les subventions et augmenter les revenus de l’État tandis que l’économie saoudienne montre déjà des signes d’affaiblissement. Le gouvernement saoudien a augmenté en 2018 le prix de l’électricité et du pétrole et introduit pour la première fois la TVA, taxe sur la valeur ajoutée.
L’un des principaux piliers du plan de Mohammed ben Salmane connu sous le nom de « Vision 2030 » a été l’introduction en Bourse d’une partie du capital de Saudi Aramco, ce qui représenterait la plus importante introduction d’une société économique dans l’histoire financière mondiale.
Le gouvernement saoudien prévoyait de vendre 5 % des actions de l’entreprise, une part évaluée à 2 milliards de dollars, sur un marché boursier étranger dont le nom reste encore à annoncer. L’idée était d’en obtenir 100 milliards de dollars pour renflouer la trésorerie du royaume. Une fois la nouvelle annoncée, Londres et New York sont entrés en compétition pour accueillir Aramco sur leur marché boursier respectif.
Pour en savoir plus :
Pourtant, le gouvernement saoudien a préféré retarder cette entrée en Bourse jusqu’en 2019 à cause de certaines complications au sujet de la vente et par crainte de se voir obligé d’accepter un droit de regard étranger sur la compagnie nationale d’hydrocarbures.
Une source proche du gouvernement saoudien a déclaré à Middle East Eye que MBS était « très en colère » contre le ministre de l’Énergie, Khaled al-Faleh, parce qu’il avait suggéré que l’introduction en Bourse de la compagnie Aramco ne serait pas dans l’intérêt de l’économie saoudienne.
Le prince héritier saoudien a alors refusé de recevoir le ministre pendant un mois en raison de ses recommandations, qui contredisaient celles des conseillers étrangers de MBS, en particulier l’ancien PDG de Siemens, Klaus Kleinfeld, qui incitait à la vente d’actions d’Aramco pour aller de l’avant.
La source a affirmé que MBS, le prince héritier, avait néanmoins suivi les conseils d’al-Faleh, en ce qui concerne la première étape de la vente d’actions, « mais on s’attend à ce le prince héritier finisse par se débarrasser du ministre, afin de pouvoir mener à bien son plan ».
Les investissements étrangers directs en Arabie saoudite ont été réduits à 1,4 milliard de dollars en 2017, contre 7,4 milliards de dollars en 2016, selon les nouveaux chiffres de l’ONU. Il serait aussi utile de rappeler que la moyenne des investissements étrangers dans ce pays se chiffrait à 18,2 milliards de dollars il y a dix ans.
Le taux de chômage en Arabie saoudite a atteint les 12,9 % pendant le premier trimestre de l’année 2018, chiffre record qui n’avait jamais été enregistré auparavant dans ce pays.
Selon un rapport du journal Financial Times, les riches Saoudiens ont également réduit leurs investissements dans le royaume et certains ont commencé à transférer de l’argent à l’étranger, par crainte des surtaxes.
Certains étaient également effrayés à l’idée d’une éventuelle nouvelle purge anticorruption par MBS — une purge en novembre ayant vu environ 300 hommes d’affaires et princes, dont le milliardaire et prince Al-Walid ben Talal ben Abdelaziz, détenu au Ritz-Carlton à Riyad. Ce n’est qu’après leur avoir extorqué dans l’ensemble environ 100 milliards de dollars que MBS les a libérés.