Selon un expert des questions stratégiques et militaires en Syrie, les victoires successives de l’armée syrienne dans le sud de la Syrie ont placé les Américains et les Israéliens face à leurs faiblesses : le « Grand Moyen-Orient » a du plomb dans l’aile et recule face à l’axe de la Résistance en Syrie.
« L’opération de l’armée syrienne dans le sud du pays a connu un grand succès. Dans une telle situation, les États-Unis décident soudainement de lâcher les groupes terroristes qu’ils soutenaient. C’est un lâchage de plus par les Américains sur la scène syrienne », analyse l’expert des questions stratégiques et militaires, Ali Maqsoud, qui y voit en toile de fond « l’abandon d’Israël par son protecteur américain, au pire moment » :
« La guerre qui est en cours se déroule non loin de la frontière syrienne avec Israël et elle oppose à vrai dire l’armée syrienne à Israël, ennemi juré de la nation syrienne. Il ne faut pas oublier que les premières étincelles de la guerre déclenchée en 2011 contre la Syrie ont été allumées au Golan occupé, où Israël cherche à mener son œuvre expansionniste. C’est à partir du Golan que devait débuter le projet de démembrement de la Syrie, avec en filigrane la séparation de Deraa et de Soueïda. »
« En Syrie, les groupes terroristes agissent en alter ego d’Israël. Les opérations devaient donc être lancées sur deux axes pour contrer le régime de Tel-Aviv : dans un premier temps, l’armée syrienne et ses alliés ont mobilisé leurs moyens pour repousser les éléments du groupe terroriste al-Qaïda (al-Nosra), éparpillés à travers le territoire syrien, vers un seul point. La deuxième approche a consisté surtout à éliminer les groupes terroristes ainsi concentrés et surtout à obtenir une pacification de l’ensemble du territoire via un processus de réconciliation élargi. »
Dans de telles circonstances, Israël doit se rendre à l’évidence : l’armée syrienne vient de remporter la bataille à la frontière sud. Sur le plan social et national, le gouvernement syrien semble par ailleurs sur le point de maîtriser la situation.
Et la Jordanie ?
Amman a été amené par la force des choses à coopérer. Maqsoud affirme :
« Inquiète de l’afflux des réfugiés syriens, la Jordanie, qui abrite des camps d’entraînement terroristes, a fini par fermer la frontière avec la Syrie. Mais Damas a ordonné l’ouverture de trois points de passages frontaliers pour permettre aux Syriens de quitter les zones de combat. C’est tout le contraire de ce qu’a fait Israël qui, ayant abandonné ses mercenaires, leur a fermé ses portes. Il en va de même pour les États-Unis, qui ont lâché les qaïdistes d’al-Nosra à l’heure de la grande offensive de l’armée syrienne. »
Et le Golan ?
Alors qu’Israël ne cesse de mettre en garde contre un clash au Golan, les choses pourraient se passer autrement : selon Maqsoud, le processus de réconciliation dans le sud de la Syrie pourrait s’étendre au Golan : les Israéliens ne devraient pas oublier l’ancrage dont jouit Assad sur les hauteurs que Tel-Aviv occupe depuis quatre décennies. Beaucoup d’habitants du Golan et de Houran dans le sud de la Syrie veulent rejoindre l’armée syrienne. À l’arrivée des soldats syriens, ils iront les rejoindre pour combattre les terroristes takfiristes qui les ont tenus en otages depuis des années. Et telle est la très grande surprise qu’aura à vivre Israël. Le Golan lui échappera par la volonté même de ses habitants.
Le temps joue contre Israël
On ne cesse d’évoquer le sommet Poutine-Trump comme la principale raison du refus US d’apporter son soutien aux terroristes du Sud, mais les choses sont beaucoup plus compliquées que cela. Les États-Unis et leurs alliés sont dans l’impossibilité de soutenir une guerre d’usure en Syrie, tout comme Israël, qui se sent lâché par ses pairs. Tel-Aviv se trouve désormais face à un choix : prendre son mal en patience et surveiller de près le retour de l’armée syrienne aux portes d’Israël ou alors reprendre les frappes aériennes, voire lancer une incursion terrestre pour changer la donne. Mais dans l’un et l’autre cas, Israël sera le grand perdant.