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Syrie : les terroristes abandonnés par leurs alliés

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Une photo distribuée par l'Agence de presse officielle syrienne (SANA) le 30 juin 2018, montre des chars et des camionnettes de l'armée syrienne dans la ville de Ghariyah-Ouest, à environ 15 kilomètres à l'est de la ville de Deraa, dans le sud du pays. ©AFP

L’éditorialiste du journal arabophone Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, évoque les dernières évolutions en Syrie où les groupes armés se retrouvent abandonnés puisque leurs alliés arabes et américains ne les soutiennent plus.

« Le bon déroulement des faits en faveur de la Résistance dont parlait vendredi dernier le secrétaire général du Hezbollah semble se concrétiser puisqu'en Syrie, l’armée continue d’avancer dans le Sud, faisant revenir à la souveraineté syrienne le contrôle de vastes zones surtout dans le Rif de Deraa et le Rif de Soueïda. Quant au Yémen, le gouvernement émirati a déclaré la suspension des opérations militaires dans la province d’al-Hudaydah. »

Toujours en Syrie, le fait que les groupes armés à Busra al-Cham ont accepté, sans aucun affrontement, d’adhérer au processus de réconciliation avec le gouvernement confirme le bien-fondé des propos de Nasrallah, ajoute l’article.

Le retour de la délégation militaire russe à Deraa pour reprendre les négociations avec les groupes armés laisse conclure que ces derniers auraient accepté la plupart, sinon toutes les conditions élaborées au préalable par l’émissaire russe. Les Russes avaient demandé aux groupes armés de rendre leurs armes à l’armée syrienne et d’accepter que leur situation soit régularisée. La délégation russe avait aussi demandé que les hommes armés impliqués dans les crimes de guerre comparaissent devant la justice. Voici les préalables qu’auraient acceptés les hommes armés opérant à Deraa, ceux-là mêmes qui, selon Abdel Bari Atwan, se trouvent désormais abandonnés par leurs supporters américains et israéliens et qui voient leur marge de manœuvre se réduire chaque jour davantage.

Deux autres principaux acteurs régionaux, à savoir, Israël et la Jordanie, ayant soutenu auparavant certains groupes armés actifs en Syrie, ont fermé leurs frontières aux paramilitaires ou leurs proches qui cherchaient un refuge afin de fuir la guerre. Atwan rappelle que la Jordanie accueillait jusqu’ici sur son sol la cellule d'opération d'al-Mouk qui fournissait, à l’aide des agents américains, saoudiens et israéliens, un appui en termes de renseignements aux opérations terroristes en Syrie, sans oublier les camps d’entraînement destinés à offrir des formations militaires aux terroristes. « Le régime israélien ne manquait pas non plus de soutenir les terroristes opérant en Syrie, dans le domaine de renseignement, à quoi s’ajoutaient les traitements médicaux que les hôpitaux israéliens offraient aux terroristes blessés lors d’affrontements avec l’armée syrienne. »

Pour justifier à sa propre façon cette prise de position, la Jordanie a avancé comme prétexte la situation économique et sécuritaire qui rendrait impossible au pays d’accepter sur son sol aucun nouveau réfugié syrien. Près d’un million et demi de réfugiés syriens habitent déjà en Jordanie qui, pour contrôler ses frontières, a suivi la méthode du gouvernement turc : tirer sur quiconque cherche à dépasser la frontière.

L’éditorialiste de Rai al-Youm rappelle par cette occasion l’attitude d’Ankara qui a tué ainsi un grand nombre de réfugiés syriens sur les frontières syro-turques. « À présent, la Turquie cherche à faire revenir les 3,5 millions de déplacés syriens se trouvant sur son sol à des zones en Syrie qui sont toujours partiellement ou complètement sous contrôle des forces turques dont Afrin, al-Bab et Jarablus et peut-être dans un deuxième temps, Alep », précise l’article.

Quant au régime israélien dont la solidarité avec certains groupes terroristes opérant en Syrie est de notoriété publique et qui s’est auparavant livré aux attaques aériennes contre des zones en profondeur de la Syrie, il n'a pas accepté d’accueillir pas même un seul réfugié syrien. « Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé que ce régime ne pouvait pas accueillir les civils fuyant la guerre, mais qu'il leur fournirait des aides humanitaires à l’intérieur des frontières syriennes », écrit Abdel Bari Atwan, et d’ajouter :

« Nous ne savons pas comment les chefs de groupes militaires ou non militaires vont justifier cette situation catastrophique dans laquelle ils se sont embourbés avec leurs supporters. Nous ne savons pas non plus comment ils justifieront cette humiliation qu’est leur abandon par leurs alliés arabes, américains et israéliens. Ces mêmes alliés qui leur avaient fait la promesse creuse d’un renversement du gouvernement de Bachar al-Assad en l’espace de quelques mois, pour rebâtir ensuite une Syrie utopique sur les ruines.

Ce que nous savons par contre c’est que ces alliés dont et surtout les États-Unis, ayant annoncé aux groupes armés qu’ils ne feraient plus rien pour les protéger face à l’armée syrienne, reconnaissent aujourd’hui leur défaite. Pour éviter des pertes ou dommages encore plus lourds, les Américains ont décidé de tirer leur épingle du jeu et laisser les terroristes affronter à eux seuls leur destin et accepter les préalables de Damas et son allié russe. C’est aussi la quintessence du discours de vendredi dernier du secrétaire général du Hezbollah libanais, Hassan Nasrallah. »

En Syrie, les protestations qui avaient commencé, il y a 7 ans, à Deraa, semblent maintenant entrer dans une phase finale des plus scandaleuses pour les groupes armés et leurs alliés.

« Et en parlant de ces alliés, nous savons que leur priorité ne consistait pas forcément à soutenir les protestations, mais la destruction et le démembrement de la Syrie, tout comme leur objectif en Irak et en Syrie. C’est le même objectif qu’ils suivent désormais au Yémen. C’était écrit noir sur blanc, mais certains ont préféré mettre tous leurs œufs dans le même panier, en plaçant trop d’espoir en leurs alliés arabes ou américains… »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV