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La coalition d’agression dans le bourbier d’al-Hudaydah

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le prince Mohammad ben Salmane, au centre de commandement d'agression contre le Yémen. ©Al-Arabiya

Ni les Américains ni les Français ne l'auraient cru : Riyad et Abou Dhabi ont menti sur les réelles capacités de combats d'Ansarallah, quitte à les impliquer dans une aventure sans issue. Alors que les États-Unis appellent l'ONU à intervenir, la France envoie son émissaire à Sanaa pour libérer les effectifs de sa force spéciale capturé à Hudaydah 

Pour la nouvelle direction saoudienne qui avait promis de faire de la guerre contre le Yémen le symbole d’une politique extérieure beaucoup plus offensive, l'échec est trop rude. Cette guerre a porté au grand jour l’hypocrisie de l'allié régional de Ben Salmane, les Émirats arabes unis, qui devient l'ennemi le plus féroce lorsqu’il s’agit de ses intérêts géopolitiques.

Les Émirats arabes unis sont largement impliqués dans les conflits en cours à al-Hudaydah. Leurs conseillers et leurs avions de combat continuent de soutenir les mercenaires face à l’armée et aux combattants des Comités populaires yéménites (Ansarallah) et cela dans le but de s'emparer du détroit ultra stratégique de Bab el-Mandeb. Si les Émirats ont suivi Riyad dans son équipée yéménite, c'était surtour par appât de gain : ils voulaient les îles yéménites.  

 

Trois ans et demi de bombardements et des milliers de morts pour presque rien. L’intervention militaire saoudienne au Yémen, lancée dans la nuit du 25 au 26 mars 2015, débouche sur un constat d’impasse total. Malgré plusieurs dizaines de milliers de sorties aériennes, la coalition arabe conduite par Riyad n’a atteint aucun de ses objectifs. MBS poursuit désespérément sa quête ambitieuse de soutien auprès des Américains mais aussi des Occidentaux. 

 

D'où d'ailleurs cette soumission totale et passive envers les Occidentaux. Ce n’est pas étonnant si pour l’Arabie saoudite la voie vers une normalisation avec Israël est pavée, et que le régime de Riyad affiche son soutien au deal anti-palestinien du « Siècle ».

Or cette soumission risque de monter ses limites à Hudaydah. Pour soutenir le prince saoudien, les Émirats de Ben Zayed ont mobilisé 12 divisions militaires sous commandement de Tarek Afash, neveu d’Ali Abdallah Saleh, l’ex-président yéménite.

Les agresseurs auraient dû occuper la région portuaire en un mois, mais les choses ne sont pas déroulées comme prévu : le manque d’efficacité des frappes saoudiennes qui multiplient les erreurs de tirs est criant. Sur le front, les Américains se font même dévier par les contingents de mercenaires à la solde Riyad. Les erreurs commises sous le commandement saoudien sont si multiples que Washington vient de répondre par « non » à la demande d’aide supplémentaire de Riyad.

Les États-Unis de Trump ont réalisé à Hudaydah qu'il était impossible de gagner la guerre au Yémen d'où leur appel à l'adresse de l'Onu pour une plus grande implication. A vrai dire, l’offensive lancée par l’axe rabe-USA-Otan-Israël contre le port stratégique de Hudaydah  relève en grande partie du show médiatique. Tout comme fut en son temps la guerre contre la Syrie. On ne cesse d'annoncer une "victoire" qui ne vient pas.

L’aide de la CIA n’a pas abouti à la chute de l’aéroport et les forces d’agression ont été par contre encerclées par l’armée yéménite et des Comités populaires d’Ansarallah. Les États-Unis ont été contraints à apporter leurs aides via les hélicoptères Chinook aux militaires assiégés et à se charger de leur rendre quotidiennement service. La situation ne va pas non plus sans ternir le crédit et l'image des États-Unis, de l’Europe et de leurs alliés qui s'embourbent pour de bon face à "une milice sous-armée". L’émissaire onusien pour le Yémen, Martin Griffiths, saura-t-il les tirer du pétrin? Pour l'heure, les Yéménites rejettent toute négociation ou compromis et refusent de négocier le contrôle du port qui leur appartient. Et vu la situation sur le terrain, rien ne leur fait tort. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV