Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le roi Abdallah II de la Jordanie se sont rencontrés le lundi 18 juin alors que les relations Amman–Tel-Aviv ont connu des tensions ces deux dernières années suite à l’assassinat de deux citoyens jordaniens par un gardien de l’ambassade israélienne en Jordanie. Ils avaient même rompu tout lien diplomatique pendant quelques mois.
Après le retour de l’ambassade israélienne à Amman, il paraît maintenant qu’Israël et la Jordanie ont repris leurs relations diplomatiques.
Cette première rencontre officielle Netanyahu-Abdallah II depuis 2014 serait-elle le signe de la fin des différends entre Israël et la Jordanie ? Le journal Rai al-Youm traite cette question dans un récent article :
« Les médias israéliens ont écrit ce mardi que la rencontre entre Netanyahu et le roi Abdallah II a eu lieu après 4 ans. Leur avant-dernière rencontre date donc de l’an 2014. À l’époque, la visite de Netanyahu à Amman s’était effectuée en catimini et c’était après le retour du Premier ministre que les médias israéliens avaient couvert cette visite, sans, pour autant, publier aucune photo de cet événement. »
Le journal Rai al-Youm se réfère à la chaîne 10 de la télévision israélienne pour dire que lors de sa récente visite à Amman, le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a été accompagné de Yossi Cohen, chef du Mossad ; « mais l’ambassadeur israélien à Amman était absent lors de la rencontre Netanyahu-Abdallah II, pour des raisons que les milieux politiques israéliens préfèrent ne pas révéler ».
Lors de cette rencontre, le roi Abdallah II de Jordanie a évoqué la nécessité de faire avancer « les efforts en vue de résoudre le litige israélo-palestinien dans le cadre de la solution à deux États, avec la formation d’un État palestinien sur les frontières de 1967 suivant la 4e convention de Genève, avec Qods-Est pour capitale ».
Le roi de Jordanie a fait allusion, selon l’article, à la place privilégiée de Qods auprès des musulmans, chrétiens et juifs, pour dire que Qods est la clé de la paix dans la région. « La question de Qods, aussi, doit être réglée dans le cadre de la solution finale à deux États », a ajouté le monarque jordanien.
Le roi Abdallah II a également insisté sur le rôle historique de la Jordanie concernant la protection des lieux saints musulmans et chrétiens dans la ville sainte de Qods.
D’autres questions, dont les exportations vers la Cisjordanie, les échanges commerciaux et le renforcement des investissements bilatéraux, ont été abordées lors de cette rencontre, à laquelle ont également participé le ministre jordanien des Affaires étrangères, le chef du GID (« General Intelligence Directorate », le service de renseignement de la Jordanie), ainsi que le conseiller du roi Abdallah II pour les affaires économiques.
D’après Rai al-Youm, le Premier ministre israélien a reconnu l’année dernière avoir participé en 2016 à une réunion secrète tenue dans la ville d’Aqaba en Jordanie avec le roi Abdallah II ainsi qu’avec le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, pour faire avancer le processus de compromis avec les Palestiniens.
Netanyahu avait précisé que le secrétaire d’État américain de l’époque, John Kerry, avait lui aussi participé à cette réunion. Le Premier ministre israélien avait ajouté qu’il avait alors exprimé sa contestation envers le plan américain sur le compromis.
Le plan prévoyait la reconnaissance d’Israël par les pays arabes, en contrepartie des négociations avec les Palestiniens sur fond de la solution à deux États.
Citant des autorités américaines, le journal israélien Haaretz aussi a publié l’année dernière un article sur la réunion d’Aqaba.
Ce même journal a écrit ce mardi que la toute récente rencontre entre Benyamin Netanyahu et le roi Abdallah II de Jordanie transmettrait un message particulier, dans la mesure où elle s’est effectuée au seuil de la visite du conseiller et beau-fils du président US, Jared Kushner, et de l’envoyé spécial de Trump, Jason Greenblatt, dans la région, pour examiner le plan américain connu sous le nom de « Deal du siècle ».
Selon Haaretz, la délégation américaine devrait avoir des rencontres avec les dirigeants égyptien, qatari et saoudien. Kushner et Greenblatt vont pour leur part tenter de soutirer des centaines de millions de dollars aux pays arabes du golfe Persique pour la reconstruction de Gaza, ajoute le journal israélien.
Citant de hauts responsables de la Maison-Blanche, Haaretz prétend que les États-Unis ne cherchent pas à imposer leur plan aux Israéliens et Palestiniens ; « ils espèrent juste pouvoir les faire revenir à la table de négociations ».
Le rapport de Haaretz ajoute que ni Kushner ni Greenblatt n’auront de rencontre avec des responsables de l’Autorité autonome palestinienne, en raison de l’interruption des liens entre cette autorité et les États-Unis suite à l’annonce de Qods comme capitale d’Israël par la Maison-Blanche.