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Le message de Nasrallah aux Israéliens

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Les soldats du Hezbollah positionnés à Abou Kamal. (Photo d’archives)

Le Hezbollah va-t-il se retirer de Syrie ? Dans son discours prononcé à l’occasion de la journée mondiale de Qods le 8 juin, le secrétaire général du Hezbollah s’explique à ce sujet, alors que les médias dominants ne cessent de commenter l’appel russe à un retrait de la Résistance des régions qu’elle contrôle depuis 2013 dans le sud de la Syrie.

Mis à part le sens à donner à cet appel, la réponse de Nasrallah mérite réflexion : car s’il est vrai que la Russie appréhende un conflit Israël/Résistance en Syrie qui « permettrait aux Américains de s’y impliquer davantage », il est aussi vrai que la Résistance agit en synergie avec ses alliés tout en ayant ses propres lignes rouges. 

En effet, la partie syrienne du discours du 8 juin du secrétaire général du Hezbollah comportait en elle-même une cuisante vérité. Nasrallah y dénonce le subtil manège israélo-américain qui consiste à « déguiser », par une rhétorique trompeuse, la réalité d’une défaite stratégique colossale : plus de sept ans de guerre « totale » contre la Syrie n’ont pas été à même d’écarter Assad de la scène. Son gouvernement est bien là et il y restera à la faveur d’une armée qui reprend chaque jour un peu plus de terrain.

Nasrallah décrit la défaite atlantiste en ces termes : 

« La réalité est que pendant des années, Israël a tout fait pour renverser Bachar al-Assad via des éléments armés opérant en Syrie. ‎Or depuis que ces derniers n’ont plus aucune chance de dé-assadiser la Syrie, Israël a changé comme par miracle de rhétorique mais aussi d’objectif. Il dit que son but en Syrie consiste à en expulser l’Iran et le Hezbollah. Mais vous, sionistes, avouez que vous avez lamentablement échoué à abattre l’un des piliers de la Résistance [la Syrie, NDLR] et que malgré tous vos efforts, vos rêveries et ambitions sont tombées à l’eau. »

Limpide comme l’eau de roche : la Résistance libanaise en particulier et l’axe de la Résistance dans sa globalité ne permettront à aucun prix que l’État syrien tombe ; et il ne tombera pas puisqu’il ne se dissociera jamais de l’axe de la Résistance. Cette équation est mieux précisée quand Nasrallah revient sur les raisons qui ont présidé à l’engagement militaire du Hezbollah. En Syrie, le Hezbollah ne cherche ni à avoir des bases permanentes ni à construire des usines de fabrication de missiles ainsi que l’en accuse Israël. Pour la simple et bonne raison qu’il est dans son environnement naturel et qu’il n’a nullement besoin de cela, au contraire des Américains et de leurs alliés qui, eux, tentent envers et contre tout de s’imposer.   

« Le Hezbollah n’a aucune visée en Syrie. Nous nous y sommes engagés pour deux raisons essentielles : d’abord parce que nous avons compris dès 2011 qu’un vaste complot s’y tramait contre l’État syrien d’une part et contre l’axe de la Résistance de l’autre. Et puis parce que l’État syrien nous a demandé d’être présent. À l’instant où l’État syrien nous le demandera, nous quitterons la Syrie de bon gré », affirme Nasrallah.

Les propos de Nasrallah cadrent parfaitement avec le récent entretien du président Assad accordé à RT. Après les victoires militaires obtenues récemment par l’armée syrienne, Assad affirme que l’État syrien ne se contentera pas d’une reconquête partielle du territoire syrien. L’État veut exercer de nouveau sa pleine souveraineté sur l’ensemble de son territoire, aussi bien dans le sud, que dans le nord ou le nord-est du pays. Ainsi les Américains, et leurs comparses occidentaux encore moins, n’ont pas à implanter leurs troupes à al-Tanf, à Hassaké ou encore à Deir ez-Zor. Ils n’ont qu’à quitter de gré ou de force le sol de la Syrie souveraine.

Le discours de Nasrallah a été encore plus révélateur quand il a mentionné la condition qui présiderait au départ de ses combattants : « Mais que les choses soient bien claires : nous ne partirons que si l’État syrien nous le demande. Même si le monde entier se réunissait et nous proposait de partir, nous ne nous retirerions de Syrie qu’à la demande du commandement syrien. »

Cet avertissement est-il un prélude à une confrontation Israël/Résistance au Golan ?

Nasrallah répond : peut-être pas dans le sens où le régime israélien l’entend et qu’il tente de vendre au monde entier. « L’axe de la Résistance ne veut ni tuer, ni détruire, ni jeter les Israéliens à la mer. Mais aux Israéliens, nous disons ceci : retournez dans les pays d’où vous venez. Votre obstination à poursuivre l’occupation finira par provoquer une grande guerre et cette guerre finira par nous ouvrir les portes de Qods où nous allons prier. »

L’obstination israélienne à prolonger l’occupation du Golan et à judaïser Qods débouchera sur une guerre et cette guerre ne pourra jamais être gagnée par Israël. Pourquoi ? Parce que paralysé par une crise de légitimité qui dure depuis plus de 70 ans, Israël fait désormais face à une crise encore plus grave, qui touche sa sécurité et qui s’exprime, de surcroît, sur une multitude de fronts : Gaza, le Liban, la Syrie et bientôt la Cisjordanie. Ce qu’Israël appelle « la présence néfaste » de la Résistance, c’est en réalité un projet d’endiguement de l’expansionnisme israélien. Face à ce bloc nouveau, les ingérences américaines au Moyen-Orient ne feront que rendre Israël encore plus vulnérable. Les colons israéliens l’ont compris, eux qu’ils ouvrent toujours de grandes oreilles pour écouter et suivre les conseils de Nasrallah. Selon une enquête diffusée sur la chaîne 10 de la TV israélienne, 50 % d’entre eux souhaiteraient déjà quitter Israël et laisser Netanyahu et sa bande à leur folie. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV