La sortie de Washington de l’accord sur le nucléaire iranien et l’instauration de droits de douane sur l’acier et l’aluminium en provenance de l’Europe semblent être deux dossiers distincts qui n’ont rien à voir ensemble. Or, selon les experts, il y a bien un lien qui se tisse entre les deux.
Un mois après la sortie de Washington de l’accord multilatéral sur le nucléaire iranien, le secrétaire américain au Commerce Wilbur Ross a annoncé, le jeudi 31 mai, l’entrée en vigueur des tarifs douaniers américains de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium en provenance de l’Europe dès vendredi 1er juin.
Les deux sujets en question pourraient sembler ne rien à voir l’un avec l’autre. Mais pour certains experts, l’instauration de tarifs douaniers sur les produits importés en provenance de l’Europe est un chantage qu’exerce Trump pour obtenir des concessions dans les dossiers tels que le budget de l’OTAN et les sanctions visant l’Iran.
« Plutôt qu’à vouloir faire un accord commercial conventionnel, Donald Trump cherche à obtenir des concessions sur les deux plans de la politique étrangère et de la sécurité », a écrit Melvin Cross, l’expert en économie de l’institution de réflexion Hoover en Californie cité par Bloomberg.
« Cette approche inédite de la part d’un président américain par rapport aux alliés des USA, pourrait à court terme conduire à des résultats sur lesquels s’appuierait le président américain pour faire prévaloir le bilan de son mandat », ajoute l’expert.
Par ailleurs, il y a des indications qui confirment cette analyse sur le lien entre les tensions suscitées par les tarifs douaniers US sur les importations européennes, le budget de l’OTAN et les sanctions adoptées contre l’Iran.
Lors d’une interview accordée à la chaîne CNBC, Steven Mnuchin, le secrétaire du Trésor des États-Unis, avait précisé que Trump tiendrait compte de la part des nations dans le financement du budget de l’OTAN dans l’instauration des tarifs douaniers sur l’aluminium et l’acier. De même pour Richard Grenelle, ambassadeur américain en Allemagne, qui avait confié au New York Times que si l’Europe respectait la mise en vigueur des sanctions américaines contre l’Iran, elle pourrait être exemptée des tarifs douaniers sur l’aluminium et l’acier.
En effet, Washington appelle les membres de l’OTAN à respecter les sanctions américaines contre l’Iran et leur engagement d’allouer au moins 2% du PIB au financement de l’Otan en contrepartie d’une exemption des tarifs douaniers qui servent à présent de levier de pression pour Trump qui cherche à contraindre l’Europe de le rejoindre dans sa campagne anti-Iran.