Dans son discours du vendredi 24 mai, le secrétaire général du Hezbollah s'étonnait des "insanités inventées" par la diplomatie marocaine qui a rompu ses relations avec l'Iran sous prétexte de vouloir répondre aux ingérences supposées irano-hezbollahie au Sahara occidental. Nasrallah a affirmé que son mouvement n'était ni pour l'Algérie ni pour le Maroc dans le dossier Polissario et que la prétendue liste des membres de la Résistance que brandit Rabat pour accuser le Hezbollah d'ingérence ne rimait à rien.
En effet, les voix se multiplient au sein des milieux nord-africains pour dénoncer la grave erreur qu'a commise Rabat en cherchant à faire plaisir à Israël. Car les " informations" sur la foi desquelles le Maroc a accusé l'Iran et a taxé le Hezbollah viennent droit des sources israéliennes.
En ce sens, un ambassadeur arabe qualifie de « totale invention », les récentes allégations anti-iraniennes du Maroc. L'ambassadeur qui souhaite garder l'anonymat, affirme au journal « Le Monde » que les récentes allégations du ministre marocain des Affaires étrangères concernant les aides militaires de l’Iran au Front Polisario sont "fallacieuses" et surtout "dénuées de sens" :
« Il s’agit d’une invention grotesque qui permet surtout au Maroc de refuser de se rendre à la table des négociations. Il y a deux ou trois ans, Rabat avait déjà accusé le Polisario d’entretenir des liens avec al-Qaïda. Cela permet au royaume de faire plaisir à ses parrains du golfe Persique, les Saoudiens et les Émiratis », indique l’ambassadeur arabe au journal.
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Rabat a lancé, le 1er mai, ses accusations à l’encontre de l’Iran et aussi de l’Algérie. Aussitôt après ces accusations, Rabat a annoncé sa décision de rompre ses relations diplomatiques avec Téhéran sans laisser à l'Iran le temps d'examiner ces accusations. L'Iran a réagi dès le lendemain en qualifiant ces accusations de « totalement dénuée de fondement ».
Dans la foulée, le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur du Maroc basé dans la capitale Alger, pour lui faire part des protestations du gouvernement algérien à l’égard des spéculations du Maroc.
Le représentant du Front Polisario a qualifié les allégations de Rabat d’irresponsables et de hideuses.
Dans une interview à Fox News la semaine dernière, le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a réitéré ses accusations envers l’Iran. Il prétend que l’Iran, l’Algérie et le Hezbollah libanais auraient soutenu et fourni des armes au Front Polisario mais sans avancer aucune preuve. Car « l'accusation de trafic d'armes et de munition est bien grave pour être confirmée par une liste comportant quelques noms », comme l'a souligné le secrétaire général du Hezbollah.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères a démenti les allégations et affirmé que la répétition des allégations qui ont servi au Maroc de prétexte pour rompre leurs relations diplomatiques avec Téhéran n’avait pour but que d’attirer l’attention de tierces parties, à savoir l’Arabie saoudite, les États-Unis et Israël.
Les activités diplomatiques entre le Maroc et Israël se sont d'ailleurs fortement accélérées ces derniers temps, malgré le fait de que le Maroc ait rompu les relations avec Tel-Aviv il y a six ans. Des sources bien informée affirment aussi avoir des preuves montrant que le Maroc a offert le rétablissement des relations diplomatiques avec Israël en échange d’un fort lobbying israélien en faveur de la politique de Rabat sur le Sahara Occidental.
En effet, la presse israélienne a révélé que les relations entre les deux pays sont en train de se dégeler. Avant le début de l’Intifada palestinienne il y a six ans, le Maroc était parmi les rares pays arabes à avoir des relations formelles et cordiales avec Tel-Aviv.
« Le fait qu'il s'en prend gratuitement à l'Iran et au Hezbollah s'inscrit d'ailleurs dans l'air du temps : dans le conflit ouvert qui oppose désormais l'axe de la Résistance à Israël en Syrie, Rabat semble avoir fait son choix et ce choix ne répond ni au caractère arabe du royaume ni à son caractère musulman », affirme Hadi Mohamadi, expert des questions internationales.