Des sources proches du parlement jordanien ont annoncé que le gouvernement cherchait en coulisse des mécanismes lui permettant de normaliser à nouveau ses relations avec l’Iran, la Syrie et le Qatar.
« La Jordanie a déjà franchi des pas significatifs avec pour objectif de renouer des liens avec l’Iran, la Syrie et le Qatar », affirme l’édition numérique de Raï al-Youm. Un récent face-à-face, quoique bref, entre le président iranien Hassan Rohani et le roi Abdallah II de Jordanie a eu lieu en marge du sommet de l’Organisation de coopération des pays islamiques sur Qods à Istanbul. Les deux hommes se sont resserrés la main.
Il s'agissait d'un premier contact au plus haut niveau entre Iraniens et Jordaniens après 20 ans. Bien inquiet des dernières évolutions en Syrie, Amman craint une offensive militaire de l'armée syrienne et de ses alliés à venir. En effet, l'une des cinq zones de désescalade en Syrie se trouve sur les frontières jordaniennes et Amman se porte son garant, aux côtés de la Russie et de la Syrie.
"À Istanbul, Rohani a apporté un démenti catégorique aux accusations d'Israël comme quoi l'Iran serait présent dans la bataille de Deraa et qui de plus, il chercherait à porter atteinte à la sécurité des frontières syro-jordaniennes. La rencontre a été de bonne augure, les autorités jordaniennes allant même jusqu'à souhaiter s’asseoir très prochainement à la table de négociations avec l’Iran pour négocier des mesures sécuritaires à envisager sur la frontière nord avec la Syrie", selon le quotidien qui souligne que Téhéran a promis par la voie de son ambassadeur à Amman Moujtaba Ferdowsipour de mobiliser "tous ses moyens pour garantir la sécurité de la frontière nord de la Jordanie".
"À vrai dire, que les Américains ou les Israéliens le veuillent ou pas, la présence iranienne au sud syrien est une réalité. Et la Jordanie le sait. Bien dépité par les politiques américaines et israéliens en Palestine qui lui ont renié tous ses droits, la Jordanie tente sa chance du côté de l'axe opposé. Elle n'irait peut-être pas trop loin mais la Syrie saurait en tirer profit".
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S'agissant des relations avec la Syrie, des contacts ont été déjà établis entre les deux parties. Le royaume hachémite aurait reçu, dans une moindre mesure, des messages par les canaux du palais présidentiel syrien. Les deux pays tentent de trouver des moyens susceptibles de sécuriser les frontières syro-jordaniennes d’autant plus que les autorités jordaniennes souhaitent participer au processus de reconstruction de la Syrie.
Plus loin, l'article de Raï al-Youm souligne le rapprochement entre la Jordanie et le Qatar qui s'explique par les politiques radicales de la Maison Blanche : "En même temps, la Jordanie a déjà donné son aval au développement des échanges économiques avec le Qatar et examine à l'heure qu'il est, la possibilité d'engager une coopération plus vaste avec cette petite monarchie riche du golfe Persique notamment dans les secteurs du transport aérien, de l’exportation du gaz et de l'agriculture. En coulisse, des tractations sont en cours pour le retour de l’ambassadeur du Qatar à Amman. Le parlement jordanien a, quant à lui, soutenu la reprise des relations diplomatiques des deux pays au niveau d’ambassadeur".
Mais la Jordanie osera-t-il passer outre l'oukase américain et se tourner le dos à Israël?