Ces derniers jours, le président américain Donald Trump et le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Joubeir ont tenté d’impliquer le Qatar dans la crise syrienne.
Alors que Washington a demandé à Riyad de débourser la somme de 4 milliards de dollars pour la mission prolongée de l’armée US en Syrie, le chef de la diplomatie saoudienne a déclaré mardi soir qu’il appartenait au Qatar de payer ces frais à Washington.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel al-Joubeir a déclaré que le Qatar devait payer les frais des militaires US en Syrie ou y déployer son armée.
Après sa rencontre avec son homologue français Emmanuel Macron, le président américain avait fait savoir qu’il revenait à Doha de financer les forces américaines implantées en Syrie ou d’y expédier ses forces armées.
La question qui se pose maintenant est de savoir quels sont les facteurs qui ont amené Trump et al-Joubeir à impliquer Doha en Syrie, notamment dans le nord du pays. La réponse est la suivante : ce qui compte pour Trump est de vider la trésorerie des pays riches du bassin du golfe Persique, en particulier les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et le Qatar. La valeur des contrats qu’il a déjà signés avec eux s’élève à plus de 600 milliards de dollars.
L’application des contrats militaires et commerciaux conclus avec l’Arabie saoudite peut créer, à elle seule, plus de 1 200 000 emplois aux États-Unis. Vu le tarissement des réserves de change de Riyad et la non-introduction dans la bourse de Wall Street des actions de Saudi Aramco pour une valeur de plus de 2 billions de dollars, le gouvernement américain convoite les réserves financières de Doha. L’Arabie saoudite et la personne d’Adel al-Joubeir y jouent un rôle important pour faire baisser les pressions que Trump exerce sur eux.
Il semblerait en effet que l’administration Trump et le régime saoudien poursuivent un objectif beaucoup plus important en introduisant le Qatar sur le front nord de la Syrie ; ils veulent creuser un fossé entre les deux principaux protecteurs des Frères musulmans que sont la Turquie et le Qatar. Entre-temps, on peut imaginer deux autres objectifs pour l’Arabie saoudite :
1. Faire oublier la crise interne en Arabie saoudite après les affrontements sanglants aux alentours du palais royal à Riyad ;
2. Faire échouer la nouvelle mission de l’émir du Qatar aux États-Unis ainsi que sa tentative de se rapprocher du camp de Trump ;
Cela étant dit, on peut imaginer que le Qatar continuera de soudoyer les Américains pour réduire les pressions de Trump à son encontre, mais il est peu probable qu’il se résigne face aux pressions de Riyad et de Trump à envoyer des troupes vers le front nord de la Syrie ou à participer au financement du remplacement du contingent US en Syrie : il y a donc une forte possibilité pour que les pressions sur Doha soient renforcées et que Trump donne le feu vert à Riyad pour porter un violent coup à son voisin qatari.