Le journal arabophone Rai al-Youm, qui paraît à Londres, a consacré un article à l’attitude adopté par le régime israélien après le crash de l’un de ses F-16 qui a été abattu par la défense antiaérienne de la Syrie.
L’article souligne qu’Israël n’a pas l’habitude de participer très souvent à des grandes manœuvres militaires qui réunissent les forces de plusieurs pays. Cependant, dimanche dernier, les militaires israéliens n’ont pas hésité à commencer des exercices militaires conjoints avec l’armée américaine, qui dureront plusieurs jours. La tenue de ces manœuvres est sans doute une réaction hâtive au désarroi et au choc qu’a produits le crash du F-16 israélien en février.
D’habitude, les forces armées israéliennes organisent indépendamment de leurs alliés leurs exercices militaires visant à se préparer à contrer des menaces provenant des pays voisins ou des territoires palestiniens. Mais maintenant, les commandants israéliens sentent que la situation a évolué.
Selon l’article de Rai al-Youm, si autrefois les dirigeants du régime israélien craignaient une action hostile de la part de la Syrie ou de l’Égypte (malgré son accord de paix avec Le Caire), ils sont préoccupés maintenant par les actions d’un mouvement comme le Hezbollah libanais ou d’un État qui n’a même pas de frontières terrestres avec la Palestine occupée, c’est-à-dire l’Iran ; car la présence iranienne en Syrie est devenue une source d’inquiétude pour Tel-Aviv.
Les manœuvres conjointes d’Israël et des États-Unis prévoient cinq scénarios en cas d’un affrontement éventuel avec les forces iraniennes : 1) une attaque balistique classique de l’Iran contre les forces israéliennes, 2) une attaque chimique ou biologique (quoique improbable) des forces iraniennes contre Israël, 3) une guerre classique, 4) une guérilla et 5) l’absence de conflit militaire et la poursuite d’un état de tension et de dissuasion militaire.
Le quotidien Rai al-Youm souligne que ces exercices militaires conjoints avec l’armée américaine avaient été programmés depuis longtemps, mais que le crash du F-16 israélien a considérablement changé les objectifs d’Israël.
Les différents scénarios que Tel-Aviv a imaginés semblent concerner l’ensemble du territoire de la Palestine occupée, compte tenu du risque d’attaques balistiques de toutes parts. Les commandants israéliens espèrent que ces exercices militaires leur permettront de déterminer comment réagir de manière adéquate à ce risque. Ces exercices militaires semblent avoir une nature complètement défensive. Or, jusqu’à présent la stratégie militaire du régime israélien consistait à « punir » tous ceux qui violeraient, d’après Tel-Aviv, le droit international.
Rai al-Youm souligne que le régime israélien, qui est lui-même une source de tension permanente dans la région, préfère ne pas s’impliquer trop souvent dans des exercices militaires conjoints avec d’autres pays. Par conséquent, il est légitime de croire que si Tel-Aviv décide cette fois-ci d’organiser une très grande manœuvre conjointe avec son principal allié (Washington), c’est que la menace est très grande ou très proche. Le régime israélien craint-il une attaque surprise qui pourrait changer complètement la situation actuelle et placer Tel-Aviv dans une position de faiblesse et dans l’incapacité de contrôler le cours des événements ?
Les analystes indépendants estiment qu’il est probable que l’armée israélienne envisagera des attaques contre les forces de l’armée syrienne, les forces iraniennes ou les unités du Hezbollah libanais déployées en Syrie. Si les adversaires répondent à cette agression israélienne en tirant de très nombreux missiles balistiques, les frontières et l’ensemble du territoire de la Palestine occupée seraient directement concernés. Dans un tel scénario cependant, du point de vue du droit international, Israël se trouverait dans une position de faiblesse puisqu’il serait tenu pour responsable du déclenchement du conflit.
En tout état de cause, depuis le crash de son F-16 abattu par la DCA syrienne, l’armée israélienne n’a mené aucune frappe ni contre les positions de l’armée syrienne, ni contre les forces iraniennes et les unités du Hezbollah présentes en Syrie. Les stratèges de Tel-Aviv savent bien qu’une telle provocation risquerait d’aggraver la situation et présenterait de sérieux risques pour le régime israélien, si les adversaires de Tel-Aviv avaient recours à des actes de représailles.
Israël a particulièrement peur que ses avions de combat soient abattus, ce qui encouragerait la Syrie et ses alliés à riposter avec force à la moindre agression de la part du régime israélien.
Le quotidien Rai al-Youm a écrit que le Pentagone a demandé à l’aviation israélienne de ne pas se servir de ses F-35 de fabrication américaine de peur que le crash de ces avions ne mette fin au mythe que Washington a soigneusement créé pour mieux vendre ses F-35.