Dans un récent numéro, l’éditorialiste du journal arabophone Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, s’attarde sur les dernières évolutions survenues en Syrie, notamment dans la Ghouta orientale de Damas :
« Ce n’est pas un simple hasard que le président syrien Bachar al-Assad apparaisse devant un groupe de journalistes simultanément à l’annonce par l’OSDH [Observatoire syrien des droits de l’homme, proche de l’opposition, NDLR] des informations sur la reprise par les forces syriennes de plus d’un tiers de terrains dans la Ghouta-Est et leur avancée vers un endroit situé à 2 kilomètres de Douma », écrit-il.
Devant les journalistes, Assad a affirmé que les opérations de l’armée syrienne se poursuivraient jusqu’à reprendre entièrement la Ghouta orientale et comme le rappelle le journaliste arabe, le porte-parole du groupe terroriste Jaich al-Islam, le plus important groupe armé présent dans la Ghouta, a reconnu que leurs forces s’étaient vues obligées de se retirer.
« Dès le début, il était clair que les parties russe et syrienne étaient déterminées à reprendre la Ghouta orientale et à mettre fin à la présence des groupes armés se trouvant dans cette région et, surtout, à leurs attaques aux obus de mortier contre la capitale, Damas. Maintenant il paraît que cet objectif est proche d’être atteint et que c’est juste une question de quelques jours ou de quelques semaines.
Ceux qui soutenaient les groupes terroristes en Syrie ont arrêté de les soutenir, tout comme ils l’avaient fait dans l’est d’Alep et à Deir ez-Zor. La Turquie s’occupe d’une guerre parallèle à Afrin, ayant coûté la vie, selon les sources turques, à 2 250 personnes y compris des membres des YPG (Unités de protection du peuple), mais aussi des civils ; or, les États arabes riverains du golfe Persique se sont focalisés sur la diffusion d’images montrant les souffrances des civils et surtout les enfants, sans rien faire de concret pour les sauver de cette situation. »
Les États-Unis accusent la Russie de tuer des civils dans les opérations contre les terroristes dans la Ghouta orientale, mais le journaliste arabe rappelle à juste titre que c’est justement les terroristes qui ont enfreint le plan russe qui devait permettre aux civils de quitter la Ghouta en empruntant les couloirs humanitaires pour aller jusqu’aux camps d’hébergement provisoires.
Selon l’éditorialiste de Rai al-Youm, les États-Unis sont le pays qui a commis les plus grands crimes contre les civils, sans que les médias du monde et surtout du monde arabe en aient suffisamment parlé.
« L’on pourrait citer le cas de la vieille ville de Mossoul en Irak où en une seule journée 500 civils irakiens ont été tués ; les commandants militaires américains l’ont reconnu, mais ont évoqué une bavure. D’autres rapports confirment le massacre des civils lors de raids aériens américains à Raqqa en Syrie, mais il paraît qu’il est interdit de révéler le bilan des victimes de ces frappes. »
« La mort des civils lors de conflits est en tout cas douloureuse », rappelle Abdel Bari Atwan. Il se pose pourtant cette question : comment se fait-il que lorsque les Américains, les Turcs ou les groupes armés tuent des civils, il faudrait leur pardonner ces crimes, sans le moindre reproche ?
« Les États-Unis, qui, de leur propre aveu, ont dépensé 70 milliards de dollars pour soutenir les groupes armés en Syrie, sont le dernier pays à avoir le droit de parler de crimes de guerre. Washington est dans une large mesure responsable de la transformation de la Syrie, et avant cela de l’Irak, de la Libye, du Yémen et de la Somalie, en un pays ravagé et détruit. Et de ce fait, personne ne croira les larmes de crocodile des Américains à propos des pertes civiles. »
Le journaliste arabe dénonce également l’appui inconditionnel des Américains au massacre des civils palestiniens par l’armée israélienne, pour dire que Washington est très mal placé pour donner des leçons au reste du monde.
Toujours à propos de la crise en Syrie, l’éditorial de Rai al-Youm estime que l’armée syrienne finira par reprendre la Ghouta orientale, tout comme elle a repris auparavant Alep-Est, Deir ez-Zor et Palmyre ; il ne faut pas oublier pour autant que ce sont les civils innocents qui paieront le prix des plans diaboliques des États-Unis et de leurs alliés, qui consistent à déchirer le peuple syrien et à piller ses richesses.
Le jour où les Américains et les Russes se seront entendus sur la Syrie — écrit l’article — les correspondants des télévisions arabes et occidentales se déplaceront à Damas, capitale syrienne, pour dire à leur micro : que Dieu pardonne ce qui s’est produit, ici, hier. « Leur “repentir”, il n’est pas certain que Damas l’accepte, mais une chose est certaine : le plan américano-israélien pour la Syrie est voué à l’échec. Les jours qui viennent le prouveront », ajoute Abdel Bari Atwan.