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Munich: désarroi et solitude des Européens sur la sécurité

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le vice-chancelier et ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel fait une déclaration devant l'hôtel Bayerischer Hof à Munich, au sud de l'Allemagne, le 16 février 2018, lors de la 54e Conférence de Munich sur la sécurité. ©AFP

Les débats à la Conférence de Munich sur la sécurité ont livré le diagnostic suivant: l’Occident se sent assiégé, défié, déstabilisé ; or, la Russie et la Chine défient l’ordre mondial libéral et sèment la dissension aux États-Unis et en Europe.

Un article publié, dimanche 18 février, par le journal français La Croix s’attarde sur la solitude et le désarroi qui dominait le camp des Européens lors de la toute récente Conférence de Munich sur la sécurité qui a clôturé ses travaux dimanche.

« Dans ce nouveau désordre mondial, les Européens sont un peu seuls, comme si les États-Unis, traditionnel pilier de ce rendez-vous annuel, longtemps axé sur le renforcement du lien transatlantique, n’exerçaient plus le même leadership. Un vide souligné par la présence silencieuse du secrétaire à la Défense Jim Mattis et l’absence du secrétaire d’État Rex Tillerson », écrit le journal.

Entre autres, le ministre allemand des Affaires étrangères, Sigmar Gabriel semble le plus avoir la nostalgie de l’ordre libéral.

« Nous savions que l’ordre libéral – la démocratie, la force du droit et la liberté de commerce – n’était pas parfait. Nous savions que ce monde libre n’était pas un cadeau désintéressé. Mais il nous a garanti la sécurité, la prospérité et la liberté. Et aucun pays en Europe n’a autant profité de la protection des États-Unis que l’Allemagne », a résumé le ministre allemand qui n’a nullement dissimulé son inquiétude de voir d’autres puissances « remodeler le monde ».

En plein doute sur la fiabilité de l’Amérique de Donald Trump, Allemands et Français veulent une Europe plus forte et plus autonome, précise l’article :

« L’Europe a besoin d’une projection de puissance partagée dans le monde », affirme Sigmar Gabriel, en soulignant l’ampleur du défi : « En tant que seul végétarien, nous aurons beaucoup de mal à vivre dans un monde des carnivores ».

Et c’est ainsi que l’article traduit cette phrase : il y a loin de la parole aux actes, et l’affichage du volontarisme franco-allemand ne suffira pas à effacer les divergences entre Paris et Berlin.

L’article rappelle aussi que l’initiative lancée en décembre 2017 par 25 pays de l’UE, sous le nom de Coopération structurée européenne (CSP), doit leur permettre de développer conjointement des capacités de défense, mais, comme dit le Premier ministre français Édouard Philippe, « si l’Europe de la défense ne s’accompagne pas d’un engagement opérationnel plus important des États membres, elle demeurera très longtemps un sujet de colloque ».

Toujours d’après l’article de La Croix, « l’Europe doit aussi compter avec ses divisions et l’absence de perception commune des menaces ».

« La Première ministre britannique Theresa May cherche à adoucir son Brexit en plaidant pour la signature d’un traité sur la sécurité entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Le chancelier autrichien Sebastian Kurz se focalise sur la défense des frontières extérieures de l’Europe et la protection de l’identité européenne. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki fait la leçon à Berlin sur l’insuffisance de ses dépenses militaires et défend la loi mémorielle controversée adoptée récemment à Varsovie. »

Et quant aux projets défensifs et sécuritaires, que ce soit  intereuropéen ou transatlantique, les Européens auraient toutes les raisons de se soucier de leur efficacité.

Notons en passant que déjà en janvier, le traité signé entre le président français et la Première ministre britannique à l’occasion du 35e sommet franco-britannique, sur le contrôle de l'immigration, n’avait pas été jugé très impressionnant.

Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France (région directement concernée par les flux de migrants entre la France et le Royaume-Uni), a exprimé sa déception après la signature de ce nouveau traité. «Il n'y a rien de nouveau, je ne vous cache pas que j'attendais un nouveau traité qui changerait vraiment la donne», avait-il déclaré à la chaîne BFMTV.

Il serait utile aussi de rappeler qu’à peine arrivé au pouvoir, le président américain Donald Trump a bousculé ses partenaires de l’OTAN en réclamant qu'ils « paient leur écot, sans leur donner les gages espérés sur l'engagement américain à défendre l'Europe ».

Et à tout cela, s’ajoute, selon l’article de La Croix, un autre facteur d’instabilité, « les relations entre les États-Unis et la Russie, au plus bas »:

« L’inculpation, par le procureur spécial (américain) Robert Mueller, de 13 ressortissants russes, vendredi, alourdit le contentieux entre Washington et Moscou qui s’opposent dans leur doctrine nucléaire, sur les accords de désarmement et sur les paramètres d’une solution politique en Syrie. Et, sur la Corée du Nord, l’administration américaine ne semble pas être sur la même longueur d’onde que Pékin, qui insiste sur la nécessité d’un dialogue avec Pyongyang. »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV