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Un éveil du président turc sera-t-il imaginable?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Des soldats turcs sur la colline de Bursayah qui sépare l'enclave kurde d'Afrin en Syrie du territoire turc, le 28 janvier 2018. ©AP

Soutenu par Riyad, le Haut comité des négociations (opposition syrienne) a boycotté le Congrès du dialogue national syrien qui se déroule dans la station balnéaire de Sotchi en Russie, tandis que les Kurdes syriens en proie à la guerre menée par les Turcs à Afrin ont pris la même position.

Selon l’éditorialiste du journal Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, tout cela éveille une seule et même interprétation, en ce sens que les États-Unis ont décidé de faire échouer ces pourparlers et de raviver les feux de la guerre en Syrie. Et pour ce faire, le gouvernement américain compte sur les Forces démocratiques de la Syrie (FDS) et sur le Conseil de l’Éveil arabe.

Apparemment, les États-Unis insistent à maintenir leurs forces en Syrie, pour éviter de répéter leur erreur en Irak et empêcher un retour de Daech comme une « force terroriste » sur la donne syrienne.

« Mais cette approche repose sur une politique de base : revivifier le plan de démembrement de la Syrie et de la Turquie, en revenant au traité de Sèvres, conclu en 1920 ; ce qui prévoit la création d’un État kurde sur les terrains arrachés à l’Irak, à la Syrie et à la Turquie. Ce traité a finalement été révisé par le traité de Lausanne (1923), conclu avec la Turquie d'Atatürk. »

N’ayant ménagé aucun effort, pendant 7 ans, pour aider à faire aboutir le plan américain pour déstabiliser son voisin de sud-est et ex-allié arabe, en facilitant, entre autres, le transfert d’armes, d’argent et d’hommes armés depuis les pays arabes du golfe [Persique] vers la Syrie, les responsables turcs surtout le président Erdogan ont désormais réalisé que la magie américaine contre la Turquie pourrait se traduire par les agissements en faveur d’une partition de ce pays, ajoute le journaliste arabe.

« Appelant la fermeture de la base d’Incirlik, le journal pro-gouvernemental Yeni Safak a tout récemment écrit :

Les États-Unis sont devenus l’ennemi de la Turquie. Washington suit le plan de destruction de la Turquie, tout comme ils l’avaient prévu pour l’Irak et la Syrie. »

Et l’éditorialiste de Rai al-Youm d’ajouter :

« Erdogan a répété ces derniers jours ses menaces d’anéantir les terroristes le long des frontières sud de la Turquie et pour déjouer le plan américano-israélien contre la sécurité, la stabilité et l’unité nationale de son pays.

La question qui s’impose consiste à savoir que fera Erdogan pour affronter ce plan.

Rappelons que la menace d’Erdogan d’ouvrir le front de Manbij et nettoyer cette ville des forces kurdes est encore loin d’être réalisée et les Turcs devraient attendre des mois voire des années avant de pouvoir y mener leur incursion.

En fait, non seulement les États-Unis ont rejeté de retirer leurs forces de cette ville, mais encore, ils ont continué leur appui en équipements et armements militaires aux Kurdes. L’attaque sur Manbij sera donc la confrontation avec les États-Unis.

Par ailleurs, le gouvernement syrien observe avec précaution la situation à Afrin et Manbij, mais il n’a pas encore pris la décision définitive d’y affronter l’intervention militaire turque. Mais le communiqué émis dimanche après une visite entre le président syrien Bachar al-Assad et le vice-ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Jaberi Ansari laisse présager que la patience de Damas touche à sa fin.

D’après le texte, les deux hommes ont parlé des dangers de l’agression perpétuelle turque contre la Syrie et des moyens d’empêcher que cela compromette les efforts dans le sens d’un règlement pacifique de la crise.

Les autorités syriennes, de l’aveu de leur entourage, n’ont pas confiance en la Turquie et ses actions. Or, le président Erdogan espère toujours un départ d’Assad pour  faire remplacer son gouvernement, par un autre, plus proche du voisin turc.

C’est pour atteindre ces objectifs que le président turc a soutenu durant sept ans la campagne militaire des États-Unis et de leurs alliés arabes contre la Syrie, en vain.

Maintenant que les États-Unis semblent préférer les Kurdes à Ankara, parvenir à ces buts devient encore plus difficile pour la Turquie d’Erdogan.

L’homme pragmatique qu’est Erdogan n’aurait d’autre choix que de se placer dans le camp de l’ennemi de Washington qui regroupe l’Iran, la Russie, la Syrie et dans une certaine mesure, l’Irak. Or, tout comme les journalistes pro-Erdogan l’ont signalé, il n’y aura aucun problème, si la Turquie change de politique et se coalise avec les « ennemis d’hier » pour faire face aux « ennemis d’aujourd’hui » qui veulent son démembrement.

De l’autre côté, les opposants syriens, ayant boycotté Sotchi, vont probablement intensifier les opérations militaires et si c’est le cas, il est sûr et certain que la Russie ne va pas facilement renoncer aux acquis qu’elle a obtenus en Syrie aux coups très lourds financiers, militaires et humains.

La balle est donc dans le camp d’Erdogan. S’il souhaite véritablement préserver la sécurité, la stabilité et l’unité de la Turquie, il va devoir choisir ses options, avec sérieux et rapidité ; or, l’intégrité territoriale de la Turquie est liée à celle de ses voisins irakien et syrien. Erdogan saura-t-il mener à bien sa tâche ? »

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SOURCE: FRENCH PRESS TV