TV

Pourquoi Macron n'a pas soutenu les troubles en Iran ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Hassan Rohani, le président iranien (troisième à partir de la gauche), a rencontré les dirigeants ​​​​​​​du Medef, en compagnie d’Emmanuel Macron et Laurent Fabius, avril 2016. ©AFP

Joints par les journalistes d’Alahed, site proche du Hezbollah libanais, les Français expliquent pourquoi ils ont refusé d’emboîter le pas aux États-Unis de Trump, fin décembre 2017, quand les manifestations sociales en Iran ont dégénéré pour cause d’infiltration des éléments liés à l’étranger.

5 jours de troubles qui ont marqué la grogne sociale en Iran — du 28 décembre au 4 janvier — ont fourni aux Américains, aux Israéliens et aux Saoudiens de quoi se réjouir puisqu’ils y voyaient « la fin du régime iranien ». Or la France a opté pour une ligne beaucoup plus modérée allant jusqu’à s’opposer à Washington au sein du Conseil de sécurité lors d’une réunion-spectacle où les Américains voulaient obtenir la condamnation de l’Iran au nom de ce qu’ils qualifiaient de violation par l’Iran des droits de l’homme. Sur le dossier nucléaire comme la question du statut de Qods, la France a aussi tenté de se distinguer des Américains. Pourquoi cette distance vis-à-vis de l’allié US ?

Selon les sources françaises citées par Alahed, il y a plusieurs raisons qui empêchent Emmanuel Macron de passer outre « les intérêts communs » qu’il partage avec l’Iran, depuis que Trump a pris les rênes du pouvoir aux États-Unis :

1. La visite prévue du président français en Iran, visite dans laquelle Emmanuel Macron compte réellement pour pouvoir ouvrir un nouveau chapitre dans les coopérations économiques des deux pays.

2. Macron serait aussi sous pression des industriels français surtout du pétrolier Total et de Airbus ou encore du concepteur automobile Peugeut-Citroën. Avant que les sanctions US ne frappent l’Iran, ce dernier fabriquait quelque 600.000 voitures en Iran, soit l’une de ses plus grandes lignes de production.

3. La France est un signataire de l’accord nucléaire. Certes elle a tenu à jouer tout au long des négociations le rôle de « méchant » mais elle a fini par signer cet accord multilatéral.

4. En France, la droite, connue pour ses forts penchants souverainistes, reproche aux États-Unis et à Israël leur soutien aux mouvements indépendantistes en Europe. L’affaire de la Catalogne est toujours présente dans les esprits. C’est une affaire qui selon la droite française aurait été déclenchée, après que les séparatistes catalans ont reçu le soutien financier et politique de certains lobbyistes aux États-Unis. Ces lobbyistes (Soros ? NDLR) soutiendraient au même titre de riches hommes d’affaires espagnols l’indépendance de la Catalogne. Et ce sont des hommes affaires qui sont en très bons termes avec Israël.

Les sources françaises jointes par Alahed évoquent en parallèle « une réunion tenue à Paris par les Mujaheddin-e-Khalq (groupuscule terroriste qualifié par les médias français d’opposition basé en France, NDLR), juste une semaine avant que les troubles n’éclatent en Iran. Certains députés français et européens, proches des lobbys pro-israéliens participaient à cette réunion tout comme des opposants à Assad comme Michel Kilo ou encore George Sabra.

Il se peut que les autorités françaises aient vu à travers ces agissements un signe suspect. Tout en autorisant la tenue de cette réunion, elles ont préféré ne pas adhérer à son ordre du jour pour éviter qu’elles soient accusées d’ingérence dans les affaires intérieures de l’Iran. Après tout, une telle ingérence en Syrie a conduit à la guerre et tout le monde a vu ce que ça a donné. La France a surtout cherché à ne pas être taxée de soutien à la violence en Iran et à faire la distinction entre l’accueil fait aux Moujaheddin du peuple et la complicité avec ce groupuscule.

Toujours selon ces sources françaises, la majorité des Français aspirent à ce qu’il y ait une normalisation politique et économique entre l’Iran et la France et cette aspiration, le gouvernement Macron la comprend.

le Lundi premier janvier, lors d’un contact téléphonique avec son homologue français, le président Rohani lui a expliqué comment les Mujaheddin-e-Khalq (MEK) incitaient les manifestants sociaux à la violence. Il a réclamé aussi l’expulsion des membres de ce groupuscule terroriste coupables du meurtre de 17.000 Iraniens depuis 1979.

Partager Cet Article
SOURCE: FRENCH PRESS TV