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Raï al-Youm: "Il est temps qu'Amman envoie son MAE à Téhéran"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Le roi Abdallah II de Jordanie, le 12 février 2015, à Amman. (Photo d'archives)

Il est grand temps que la Jordanie envoie son ministre des Affaires étrangères à Téhéran, affirme l’éditorialiste de Raï al-Youm, Abdel Bari Atwan. 

Atef Tarawneh, président du Parlement jordanien. ©Jerusalem Post

Dans un article intitulé « La Jordanie au seuil de la révolte contre Riyad », Atwan se demande si « cette désobéissance jordanienne » vis-à-vis des États-Unis, est une « tactique » ou « une stratégie », et si c’est une stratégie, comment les Américains agiraient. 

Il revient sur le discours « solennel » de l’ambassadeur syrien à l’ONU où il a « courageusement pris fait et cause de la Palestine et de la ville de Qods » contre les Américains et Israël, « fidèle aux convictions qui ont depuis toujours été défendues par l’État syrien ».

Après un tel discours, plus d’un au sein de la Ligue arabe ou encore à l’OCI aurait dû avoir honte : ces instances islamiques qui ont mis à la porte, il y a sept ans, l’État syrien et qui, sous l’impulsion de Riyad, ont même refusé de convier Assad à Istanbul.

Dans ce monde à l’envers qu’est le monde arabe [où on tance les Palestiniens et on encense Israël, NDLR], il y a un État qui, à en croire l’auteur, tente « de rectifier le tir » et cet État est la Jordanie : « Bien que tardivement, la Jordanie d’Abdellah II semble s’être érigée à la tête d’un mouvement de repentance qui vise à réintégrer le gouvernement syrien au sein du monde arabe. Le président du Parlement jordanien est allé même jusqu’à protester très violemment contre le refus de l’interparlementaire arabe de convier Damas. L’Intéressé a eu d’ailleurs le tact de recevoir l’attaché d’affaires syrien à Amman, lui présentant ses vœux à l’occasion des récentes victoires de l’armée syrienne face aux terroristes. » 

Atwan se dit étonné de la « cécité » avec laquelle les dirigeants arabes maintiennent leurs sanctions contre le gouvernement syrien comme s’ils ignoraient ce qui se passe au Moyen-Orient : « Une région où les axes politiques nouveaux se font et où le rapport des forces change à grande vitesse... Même le président français dont le pays a financé et nourri “l’opposition syrienne” tente désormais d’ouvrir des canaux de contact avec Assad après la défaite que ce dernier a infligée à Daech. Alors, comment se fait-il que les dirigeants arabes veuillent aller encore plus loin que les chefs de guerre anti-Assad, et ce, sans tenir en compte les nouvelles réalités qui ont émergé sur le terrain. » 

À ce stade de l’article, l’éditorialiste de Raï al-Youm revient sur le changement de cap de la Jordanie, pays « qui commence à s’apercevoir de la colossale erreur qui était la sienne quand elle s’est alignée sur la politique syrienne »: « La présence d’Amman dans le camp américain n’a rien apporté à la Jordanie, si ce n’est l’isolement et les concessions sans lendemain. Surtout qu’à chaque fois qu’une occasion s’est présentée, les alliés arabes d’Amman l’ont sacrifié le premier. Il est temps que le cap change au royaume hachémite. Si le président du Parlement jordanien s’apprête à se rendre à Damas puis à Téhéran pour participer à une conférence contre la judaïsation de Qods, c’est sans doute pour réparer l’erreur que fut la politique syrienne du royaume ces sept dernières années. Mais il faudrait plus : Amman devra rompre avec l’inertie et la passivité et envoyer son ministre des AE en Syrie et en Iran. » 

Atwan regrette que la Jordanie cède au chantage saoudien alors que les promesses de Riyad « ont été à tous les niveaux une série de mensonges » : « Que le royaume se soit abaissé au point de n’envoyer à Istanbul qu’une toute petite délégation, c’est là, la source du problème et c’est à cet état qu’il faut parer au plus vite. » 

Le vote de la Jordanie en faveur de la résolution antiaméricaine au Conseil de sécurité est un premier pas bien solide: le vote a beau placer le royaume en ligne de mire des Américains avec en toile de fond les risques d’une réduction sensible des aides américaines voire l’exode forcé des Palestiniens en direction de la Jordanie, il n’en reste pas moins vrai que l’initiative mérite d’être érigée en politique d’État. Il est temps qu’Amman se tourne vers l’axe de la Résistance, avec la Syrie au nord, l’Iran et l’Irak à l’est et des ponts à établir avec la Turquie. Les Jordaniens, acquis largement à la cause palestinienne, ne diront pas « non ». 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV