Dans son éditorial récent signé Abdel Bari Atwan, le quotidien Raï al-Youm revient sur la nature parfaitement suicidaire de la décision de Trump sur le statut de Qods et s’étonne de ce que la Maison-Blanche ait pris une décision qui isole « ses alliés arabes et Israël au Moyen-Orient ».
« Par cette mesure, Donald Trump a tiré dans les pattes de ses alliés les plus proches au Moyen-Orient que sont Riyad et Le Caire, tout en allumant la mèche d’une nouvelle intifada qui risque de durer des mois voire des années. Cette intifada pourrait aussi être un prélude à une guerre aux dimensions supra-régionales », affirme l’éditorialiste, qui accuse Trump « d’avoir lâché au premier vent ses alliés saoudien et égyptien » et « d’avoir permis, par ricochet, le retour en force de l’Iran et de la Turquie au sein du monde arabe ».
Pour Atwan, la décision de Trump a isolé les « alliés » au profit des « ennemis ».
« Quand le général Soleimani, commandant en chef de la Force Qods du Corps des gardiens de la Révolution islamique, appelle au téléphone les commandants des brigades al-Qassam (branche armée du Hamas) et al Qods (branche armée du Jihad islamique), se disant prêt à venir en aide à la “Résistance palestinienne”, et que ses portraits circulent déjà dans les rues de la ville de Qods, cela veut dire que l’Iran est de loin l’allié le plus solide de la Palestine et de l’intifada. Cette alliance est affichée au grand jour alors que les régimes arabes ne cessent de décrier l’Iran comme l’ennemi des Arabes et de courir derrière Israël pour normaliser leurs relations avec lui. Or Soleimani ne s’est engagé dans aucune guerre sans en sortir vainqueur. Au Kurdistan irakien, il a mis en échec les séparatistes ; en Syrie, il s’est vaillamment battu aux côtés de l’armée syrienne et a libéré la majeure partie du territoire syrien ; c’est lui qui a fondé les Hachd al-Chaabi en Irak pour libérer Mossoul et éviter le démembrement de l’Irak et c’est encore lui qui, en ces temps de querelles entre les régimes arabes, vole au secours de la Palestine et de Qods, qui sont menacées dans leur existence même. »
Et Atwan d’ajouter :
« L’Arabie saoudite a tout fait pour créer une coalition arabe sunnite contre l’Iran, mais il s’est trompé de camp. La crise de Qods a inversé la donne et cette coalition, qui aurait dû provoquer d’interminables guerres fratricides au sein du monde musulman, servira de catalyseur à la formation d’une coalition transconfessionnelle, transethnique et transreligieuse, où sunnites, chiites et chrétiens d’Orient réuniront leurs efforts pour contrer Israël et ses alliés arabes qui eux, s’éliminent ainsi de la course.
À Istanbul, où a lieu un sommet urgent de l’OCI, le monde musulman affiche un front uni. On y parlera même de la colonisation. C’est une grande évolution qui fera date, rien de tel n’ayant eu lieu depuis qu’Israël a été implanté au cœur du Moyen-Orient ».
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