Les États-Unis ont fini par déclarer la ville de Qods comme capitale d’Israël. Pourquoi une telle décision et à un tel moment ?
Les liens patents qui unissent le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane à Jared Kushner, gendre et confident du président américain, ont fourni une occasion inouïe pour Israël, que ce dernier ne veut perdre à aucun prix : Israël compte se faire aider par Riyad pour « museler » les oulémas et les intellectuels du monde musulman.
En effet, ce n’est pas sans l’appui des Saoudiens que Trump a pris le risque de déclarer la ville de Qods comme capitale d’Israël. L’Arabie saoudite de Ben Salmane a très clairement exigé de Mahmoud Abbas qu’il renonce à Qods. il lui aurait même demandé de choisir la localité d’Abu Dis, dans la banlieue est de Qods, comme capitale de la Palestine.
Aux États-Unis, où le lobby israélien est ultra-puissant, démocrates et républicains ont apporté, quant à eux, leur soutien unanime à Trump, qui vient tout juste d’échapper à une motion de censure. L’impeachment tant attendu du président n’aura pas donc lieu de sitôt.
Mais il y a plus : en faisant cette annonce incendiaire, Trump et ses sbires semblent avoir compté sur les « fissures » que les sept années de folle guerre syrienne auraient infligées au monde musulman. Ce monde-là ne pourrait, a sans doute cru Trump, jamais se remobiliser ; autant donc surfer sur cette vague « irréversible » des divisions inter-musulmanes pour désarabiser Qods.
Et puis maintenant que la question palestinienne a été ramenée sur le devant de la scène, les États-Unis et Israël auront largement le temps pour trouver un substitut à Daech, l’un des plus subtils projets néocolonialistes jamais élaborés par les officines de Washington et de Tel-Aviv.
Mais les choses iront-elles ainsi que le souhaite l’axe Washington–Tel-Aviv ? Rien n’est moins sûr. Après de profondes séquelles infligées par le terrorisme wahhabo-takfiriste au corps de l’Oumma, la Palestine revient en force pour souder les rangs musulmans derrière le drapeau d’une nouvelle intifada.
Cette intifada, qui verra l’émergence d’une nouvelle génération de Palestiniens, aura à ses côtés non pas seulement les sunnites mais aussi les chiites, ceux-là mêmes qu’Israël qualifie de « milices » et dont il craint la présence en Syrie, à quelques kilomètres de ses frontières. Ces combattants-là attendent depuis longtemps pour en découdre avec Israël et libérer la première qibla des musulmans. Le front qui s’ouvrira ainsi placera dans un seul camp toutes les composantes de la Résistance, chiites comme sunnites, chrétiens comme musulmans.