L’interview d’hier soir de l’ancien Premier ministre libanais, Saad Hariri à la chaîne de télévision libanaise Al-Mustaqbal, alors qu’il répétait de façon précipitée ses propos anti-Hezbollah, n’a fait que compliquer l’énigme qui entoure sa visite prolongée dans le royaume saoudien.
L’éditorialiste renommé de Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, revient dans les colonnes du journal sur la récente interview de Saad Hariri accordée à la chaîne de télévision libanaise. Il écrit :
« On s’attendait à ce que la deuxième apparition de Hariri devant la caméra depuis Riyad permette de clarifier les ambiguïtés autour de sa démission inattendue hors des frontières libanaises. Cependant, sa façon précipitée de parler avait pour effet de compliquer encore plus la situation énigmatique que vit maintenant le Premier ministre démissionnaire.
Démarche préméditée de Riyad : la tenue de la réunion d’urgence des chefs des diplomaties arabes
Selon le journaliste de Rai al-Youm, ce n’est pas par hasard si la réunion urgente des ministres arabes des Affaires étrangères est censée se dérouler après la deuxième interview de Saad Hariri depuis l’Arabie Saoudite. En concomitance avec les propos hostiles du Premier ministre démissionnaire contre l’Iran et le Hezbollah, l’Arabie Saoudite tente de rallier d’autres pays arabes à ses positions partiales envers la Résistance libanaise et de les pousser à réfléchir à une guerre éventuelle contre le Hezbollah.
Quoi qu’il en soit, l’entretien de Hariri avec Al-Mustaqbal qui tentait de s’exprimer d’une voix calme, n’a pas pu persuader la plupart des Arabes, notamment ses concitoyens qui l’écoutaient attentivement.
Nous ne sommes pas d’accord avec Hariri qui a dit avoir voulu créer « un choc positif ». Au contraire, nous pensons que sa démission surprise a plongé le pays du Cèdre dans une nouvelle crise politique.
Lorsqu’il s’est mis à la table des négociations avec Seyyed Hassan Nasrallah et le président Michel Aoun pour prendre la tête du gouvernement, il était bien conscient du fait que le Hezbollah s’active contre le terrorisme au Yémen et en Syrie. Par conséquent, ses propos anti-Hezbollah sont injustifiables, et plus étonnant encore, c’est qu’il a affirmé hier soir « revoir sa démission, si les interventions du Hezbollah libanais dans les conflits régionaux cessaient. »
Saad Hariri a d’ailleurs dit dimanche soir à la chaîne de télévision libanaise qu’il allait rentrer dans deux ou trois jours au Liban. Cela pourrait couper court à la situation floue que vit maintenant le gouvernement. Il reste cependant à examiner le sujet de la liberté d’expression du Premier ministre démissionnaire.
Ce qui mérite réflexion concernant l’interview de Hariri, c’est que l’équipe de photographes libanais n’accompagnait pas comme à son habitude l’animatrice d’Al-Mustaqbal. Cela témoigne que l’entretien de Hariri s’était effectué dans une situation particulière, comme si l’on lui avait dicté son texte.
Quoi qu’il en soit, Hariri se trouve dans les limbes. S’il revient au Liban et qu’il y répète ses propos hostiles, on peut en conclure qu’il s’aligne sur le nouveau complot mené par Riyad, faute de quoi l’Arabie Saoudite doit lâcher pour toujours son ancien allié libanais. Dans une telle circonstance, un réel danger menacera sa vie, d’autant plus que les mercenaires de Riyad au Liban, s’étant infiltrés dans le pays, s’apprêtent toujours à agir contre lui.