Après avoir échoué en Irak, les Américains mettent le cap sur le nord de la Syrie : les miliciens kurdes, soutenus par les États-Unis, qui viennent de reprendre la ville de Raqqa aux terroristes de Daech, voient en cette ville, une partie de « la Syrie fédérale ».
Les FDS qui disent avoir délogé les terroristes de Daech de Raqqa, « avec aide et assistance des États-Unis », ont annoncé, vendredi 20 octobre, que Raqqa faisait partie d’une Syrie fédérale. Ils ont déclaré que les habitants de Raqqa et de ses alentours allaient décider de leur avenir, dans le cadre d’une « Syrie démocratique et fédérale ». Le concept renvoie évidemment au projet depuis 2011 suivis par les Américains, à savoir « le démembrement de la Syrie ».
Dans un communiqué, publié à l’occasion de la libération totale de Raqqa, les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont souligné qu’elles resteraient engagées à protéger « les frontières de la province de Raqqa » vis-à-vis de toutes les menaces extérieures. Quelles sont ces menaces ? Le communiqué ne souffle mot, mais il est facile de supposer de quelle menace parlent les FDS : l’État syrien. Les FDS ont également promis de confier le contrôle de Raqqa « au Conseil municipal de cette ville », sorte d’organe mis sur pied à la suite d’un vote non constitutionnel organisé au mois de septembre dans le nord syrien.
Réactions de Damas et d’Ankara ?
Aux yeux des Turcs, l’émergence et la montée en puissance des Kurdes syriens, dans le nord de la Syrie, représentent une menace sérieuse pour leur sécurité nationale. D’où la frustration des Turcs quant au soutien appuyé qu’apporte Washington aux Kurdes des Unités de protection du peuple (YPG). Alors que la Turquie voit en le YPG, une « organisation terroriste », affiliée au PKK, les États-Unis lui assurent une aide considérable à moins qu’il combatte les terroristes de Daech. Plus de 2.000 camions remplis d’armes sont arrivés ces derniers mois dans le nord de la Syrie.
Selon Ankara, les armes que fournissent les Américains aux Kurdes syriens, se trouveront finalement entre les mains des terroristes du PKK qui pourraient sérieusement mettre en danger la sécurité de la Turquie.
En réaction au communiqué des FDS, le ministre syrien de la Réconciliation, Ali Haïder, a souligné que l’avenir de Raqqa sera uniquement négocié, comme étant une partie intégrante de la structure politique syrienne.
Syrie : nouvelle ère coloniale de la France à Raqqa ?https://t.co/CKsJ3LXhKC pic.twitter.com/gnRmMXUOyD
— Press TV Français (@PresstvFr) October 19, 2017
La France veut un État à Raqqa !
Ce jeudi 19 octobre, la porte-parole de la diplomatie française Agnès Romatet-Espagne a estimé que la création d’un « État » à Raqqa, une fois que Daech y sera éradiqué, fait partie des priorités de Paris.
Ces déclarations de la porte-parole du Quai d’Orsay interviennent alors que la France a été déjà déçue de pouvoir réaliser son plan en Irak, qui prévoyait le démembrement de ce pays via l’indépendance du Kurdistan.
Riyad s’est lui aussi invité au « festin des rois » : les internautes ont diffusé des images du ministre conseiller saoudien pour les affaires du golfe Persique, Samer al-Sabhan, en compagnie de Brett McGurk, représentant spécial de Donald Trump auprès de la coalition internationale à Raqqa. Il paraît que les deux hommes ont rencontré les représentants des Kurdes de Syrie que la Turquie considère comme un groupe terroriste.