Pour répondre à ceux qui l’accusent de mener une politique trop à droite et enrayer sa baisse dans les sondages, Emmanuel Macron fait, dimanche soir sa première grande interview télé, sur l’antenne de TF1 et de LCI, avant de lancer la délicate réforme de l’assurance chômage.
Il a défendu son style et certaines déclarations polémiques, ainsi que ses mesures économiques et sociétales à venir.
Dysfonctionnements liés à l’attentat de Marseille, réforme du Code du travail, manifestations ou propos jugés arrogants, le président français s’est exprimé sur l’actualité liée à sa présidence.
Depuis son élection, Macron a préféré s’adresser directement aux Français sur les réseaux sociaux, dans la rue ou lors de déplacements. Mais ses explications tenues hier n’ont visiblement pas convaincu toute la classe politique française. La France insoumise, Les Patriotes ou encore Debout La France : les opposants à Emmanuel Macron ont battu en brèche son intervention comme un seul homme, la jugeant tantôt méprisante, tantôt trop évasive sur le terrorisme ou la sécurité.
« Je ne sais pas si cinq ans suffiront à Macron pour tout casser. En revanche, je pense qu’après cinq mois, les Français en ont assez », a tweeté le député de La France insoumise Adrien Quatennens, le 15 octobre, pendant l’interview d’Emmanuel Macron lors du journal de 20 h de TF1.
« Vous avez compris les pauvres ?! Vous êtes atteints de jalousie, vous avez des passions tristes ! », a-t-il poursuivi alors que le chef de l’État, se défendant d’être le « président des riches », a demandé aux Français de ne pas avoir de jalousie pour « ceux qui réussissent ».
Eric Coquerel, député français, a pour sa part évoqué le manque de regrets évoqué par le chef de l’État concernant ses propos sur des ouvriers de GM & S venus tenter de le rencontrer, à qui il avait conseillé de « regarder pour un poste » au lieu de « foutre le bordel ».
« Donc les salariés de GM & S licenciés qui réclament autre chose qu’une aumône méritait le mépris insultant d’Emmanuel Macron », a résumé Eric Coquerel.
La présidente du Front national Marine Le Pen a pour sa part résumé sur Facebook son analyse de l’interview présidentielle, sous le titre : « Un Premier ministre déguisé en président confirme sa vision d’une France nomade ».
Du côté du parti Les Patriotes, l’ex-numéro deux du FN Florian Philippot a tweeté à l’attention du président : « Dire les choses, ne signifie pas être vulgaire et insulter à tout-va les Français. »
Il a par ailleurs estimé que le discours d’Emmanuel Macron avait été « très très léger sur le terrorisme, l’insécurité et l’immigration massive ».
Nicolas Dupont-Aignan, président du parti souverainiste Debout La France qui avait rallié Marine Le Pen lors de l’entre-deux-tours de la présidentielle, a pour sa part été frappé par l’ordre des questions.
« Incroyable de voir la question ô combien importante de la sécurité des Français reléguée en toute fin d’interview », a-t-il écrit sur Twitter.
Le discours du chef de l’État français a pu pourtant bénéficier du soutiens des membres de son propre gouvernement, dont le Premier ministre Édouard Philippe et le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner et son ministre de l’Intérieur Gérard Collomb.
Depuis plusieurs semaines, ses détracteurs l’accusent de multiplier les « cadeaux aux riches ». Selon un sondage Viavoice de septembre, 53 % des Français jugent sa politique économique profitable d’abord aux plus aisés.
Même dans la majorité, des voix appellent Emmanuel Macron à renforcer sa « jambe sociale », comme le président du MoDem et l’ex-ministre François Bayrou.
Évoquant la réforme du Code du travail, qui a poussé des centaines de milliers de protestataires dans les rues ces dernières semaines, le président a assuré que l’on verrait les effets de sa réforme « dans un an et demi, deux ans », promettant une baisse du chômage, principale préoccupation des Français.
Or depuis cet été sa popularité a lourdement chuté, passant de 60 % d’approbation en juin à 44 % en octobre, selon le baromètre Ifop/Fiducial. Une dégringolade surtout marquée dans l’électorat issu de la gauche alors qu’il remonte un peu à droite.
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