Dans le cadre de l’enquête sur les activités de Lafarge en Syrie, l’ONG Sherpa, partie civile, a demandé l’audition de l’ancien ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.
Était-il au courant ? C’est la question à laquelle l’ONG Sherpa veut que Laurent Fabius réponde. Partie civile dans la procédure sur les liens entre le cimentier Lafarge et des groupes terroristes en Syrie, l’ONG a réclamé le vendredi 13 octobre 2017 l’audition de l’ancien ministre des Affaires étrangères, longtemps élu en Seine-Maritime, révèle France Info.
« On allait voir le Quai d’Orsay qui nous poussait à rester »
L’enquête est en cours depuis juin 2017 et porte sur des soupçons de financement du terrorisme. Le cimentier Lafarge, présent en Seine-Maritime et dans l’Eure, est accusé d’avoir versé des pots-de-vin à des groupes terroristes en Syrie, dont Daech, entre 2012 et 2014. Début octobre, l’association juridique Sherpa a déposé une « demande d’acte » afin que Laurent Fabius, alors ministre des Affaires étrangères, soit auditionné.
Marie-Laure Guislain, responsable du contentieux à Sherpa qui a déposé une plainte contre Lafarge en novembre 2016, explique à France Info : "L’État doit être exemplaire, les juges doivent donc rechercher son éventuelle responsabilité."
Une implication supposée par le témoignage de l’ancien directeur général adjoint du cimentier, Christian Herrault. « Tous les six mois, on allait voir le Quai d’Orsay qui nous poussait à rester », a-t-il exposé.
Onze salariés abandonnés en pleine offensive terroriste
Laurent Fabius va-t-il être entendu sur ce dossier ? Contacté par Normandie-actu par le biais du Conseil constitutionnel, dont il est président, il n’a pas réagi. Il a été ministre des Affaires étrangères de 2012 à 2016, donc chef de la diplomatie française.
La fin des versements des pots-de-vin de Lafarge aux groupes armés et terroristes, pour maintenir son activité, est intervenue en 2014, lorsque la cimenterie du groupe est tombée aux mains de Daech. C’est le deuxième chef d’accusation sur lequel la justice enquête, celui de « mise en danger d’autrui ». Onze salariés du site syrien, défendus par Sherpa, accusent Lafarge d’avoir « voulu leur mort » à travers une offensive des terroristes.
Selon eux, « aucun plan d’évacuation n’était prévu », ce que réfute le cimentier. L’entreprise a été la dernière multinationale à cesser ses activités en Syrie.
Source : www.actu.fr