Le président américain, Donald Trump, qui prétend que l’Iran ne respecte pas « l’esprit » de l’accord nucléaire, devrait annoncer cette semaine qu’il ne le « certifie » pas, selon certaines sources internes de l’administration américaine.
Une telle décision renverrait de fait la balle dans le camp du Congrès. Une loi oblige le président américain à dire au Congrès, tous les 90 jours, si l’Iran respecte le texte et si la levée des sanctions qui l’accompagne est bien dans l’intérêt national des États-Unis. En cas de « non-certification », la loi donne au Congrès 60 jours pour décider de réimposer ou non des sanctions.
Interrogé sur la stratégie de Trump envers l’Iran et le Plan global d’action conjoint, le ministre iranien des Affaires étrangères déclare que Trump recevra une réponse appropriée en fonction des déclarations qu’il fera.
Depuis deux ans, toutes les parties signataires de l’accord nucléaire sont formelles : Téhéran remplit point par point ses engagements selon le calendrier fixé.
Dans ce cadre, le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, a confirmé lundi à Rome que l’Iran respecte pleinement ses engagements au titre de l’accord nucléaire conclu avec les grandes puissances en 2015.
La haute responsable de la diplomatie européenne, Federica Mogherini a rappelé de son côté que le respect par l’Iran de ses engagements en la matière avait déjà été vérifié à huit reprises.
Le Kremlin a également dit lundi s’inquiéter des « conséquences négatives » qu’aurait une décision du président Donald Trump de dénoncer l’accord sur le nucléaire iranien.
De nombreux analystes mettent en garde contre l’escalade des tensions au Moyen-Orient dans la foulée d’un retrait américain de l’accord nucléaire, que le monde entier a qualifié d’historique, mais que Trump ne cesse de qualifier de « pire accord jamais signé par les États-Unis ».
Si Donald Trump parvenait à convaincre le Congrès américain de faire capoter cet accord en votant des sanctions contre Téhéran au nom d’un prétendu non-respect des engagements iraniens, si les Européens devaient se déchirer par la suite afin de savoir s’il faut s’accommoder ou non de cette stratégie, il en serait alors bientôt fini de la plus belle réussite de la négociation multilatérale de ce début de siècle. Cela précipiterait la marginalisation des États-Unis, et dans leur sillage celle des Européens, au Proche-Orient.
En outre, l’Iran a très clairement annoncé pouvoir reprendre rapidement ses activités d’enrichissement si les sanctions levées par l’accord de 2015 refaisaient surface.
Fabrice Beaur, expert pour l’ONG EODE, et Pierre Dortiguier, politologue, s’expriment sur ce sujet.