Des centaines de Catalans ont commencé à se masser dimanche dès l'aube devant des écoles, collèges ou centres de sports transformés en bureaux de vote pour participer à un référendum d'autodétermination illégal que Madrid a promis d'empêcher, le plus grand défi pour le pouvoir central depuis 40 ans.
À Barcelone, plus au nord à Gérone, bastion du président séparatiste catalan Carles Puigdemont ou à Figueras, la ville chère au peintre Dali, ils assuraient être là pour "défendre" les centres de vote.
"En Catalogne nous en sommes au stade où nous pensons qu'il est essentiel de décider si nous voulons continuer à rester dans l'État espagnol", déclarait à l'AFP Pau Valls, âgé de 18 ans et étudiant en philosophie.
Lui avait décidé de camper dès la veille devant le collège Jaume Balmes, l'un des 2.300 que l'exécutif catalan assure avoir mis en place pour permettre à 5,3 millions de Catalans de s'exprimer entre 9h00 (07H00 GMT) et 20h00 (18h00 GMT).
Le 6 septembre, les indépendantistes majoritaires en Catalogne depuis septembre 2015 avaient convoqué ce référendum, malgré l'interdiction de la Cour constitutionnelle et l'absence de consensus au sein de la société catalane.
La région, où l'indépendantisme gagne du terrain depuis le début des années 2010, est en effet divisée presque à parts égales sur l'indépendance.
Mais les Catalans souhaitent majoritairement, à plus de 70%, un référendum d'autodétermination légal et accordé avec l'État.
Depuis le 6 septembre ni les poursuites judiciaires ni les arrestations ou perquisitions n'ont donc dissuadé les indépendantistes de cette région où vivent 16% des habitants du pays d'organiser le scrutin interdit.
Lors d'un entretien avec l'AFP samedi Carles Puigdemont a expliqué ressentir "une grande responsabilité".
"C'est un moment grave", a-t-il dit en confirmant qu'en cas de victoire du oui il y aurait des "décisions politiques" qui pourraient déboucher sur une déclaration d'indépendance entraînant une phase de "transition" où il négocierait le départ de la Catalogne.
Les conséquences d'une sécession de cette région, qui compte pour 19% du PIB du pays, au cœur de l'Europe, grande comme la Belgique, sont incalculables, comme celles du Brexit déclenché lui aussi par un référendum, en juin 2016.
Elles inquiètent beaucoup d'Espagnols qui sont pour la première fois descendus dans la rue par milliers samedi pour protester contre le référendum jugé non représentatif. "Catalonia is Spain" (La Catalogne, c'est l'Espagne), lisait-on sur certaines des pancartes qu'ils exhibaient.
Et dimanche la Une grave du quotidien El Pais assurait que la démocratie espagnole était "face à son plus grand défi" depuis la mort du dictateur Francisco Franco en 1975.
Les séparatistes affirment avoir déclenché une "révolution des sourires", et se mobilisent jour après jour avec des slogans aimables ("love democracy") où armés d'œillets rouges.
Le gouvernement de Mariano Rajoy leur répond que ce type de consultation n'est pas reconnu par la Constitution.
Avec AFP