Les Kurdes d’Irak ont voté lundi sur leur indépendance, mais ce référendum risque de provoquer une escalade après que le Parlement a appelé Bagdad à déployer l’armée dans les zones disputées.
Selon une dernière information, le taux de participation au référendum sur l’indépendance du Kurdistan d’Irak s’élèverait à 72 %. Mais aux yeux de Bagdad, le résultat est totalement « inacceptable », puisque « inconstitutionnel ».
Lundi, le Premier ministre a déjà donné l’autorisation aux forces armées nationales d’intervenir au Kurdistan d’Irak pour y rétablir l’ordre.
Si le oui l’a emporté à Erbil, ville de Barzani, Souleimaniye, autre ville kurde, a largement boudé le référendum, la population étant inquiète des répercussions d’un vote « non naturel » dont l’idée a été importée de l’extérieur.
Le président du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, a prévenu que ce vote ne serait pas aussitôt suivi d’une déclaration d’indépendance, mais marquerait le début de « discussions sérieuses » avec Bagdad pour régler les contentieux.
Une escalade entre Bagdad et les Kurdes est à craindre si le gouvernement irakien refuse de discuter. Cette possibilité est à envisager vu l’intransigeance du gouvernement central irakien.
Dans une première réaction concrète, le Parlement irakien a réclamé le lundi 25 septembre l’envoi de troupes dans les zones disputées entre le gouvernement central et le Kurdistan. Le Parlement irakien a demandé au Premier ministre et commandant en chef des forces armées irakiennes, Haïder al-Abadi, de déployer des forces militaires dans les régions faisant l’objet de controverses entre Bagdad et Erbil. Parmi ces régions, on peut notamment citer la province de Kirkouk, dont certaines parties comme al-Hawija, restent toujours occupées par Daech.
L’organisation du scrutin a été décriée par Bagdad ainsi que par la communauté internationale, notamment les pays voisins, dont l’Iran et la Turquie, qui craignent un regain de tensions dans une région déjà mouvementée.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, s’est dit « préoccupé par les conséquences potentiellement déstabilisatrices du référendum ».
Le référendum est une décision unilatérale d’Erbil, condamnée par l’Assemblée nationale, le gouvernement fédéral et la Cour suprême de l’Irak. Cela dit, ce référendum est principalement, assurent les experts, un moyen de pression pour arracher au pouvoir des concessions sur les contentieux pétroliers et financiers.
Stéphane Blet, analyste des questions internationales, et Philippe Hugon, analyste politique, partagent leurs points de vue à ce sujet.