D'aucuns misaient sur le discours anti-iranien de Trump à l'Assemblée générale de l'ONU pour voir l'Iran faire marche arrière. Rien de tel. A peine deux jours après l'apparition en public de Trump, l'Iran a procédé au tir d'essai de son nouveau missile de longue portée Khorramchahr (dit aussi Khoramshahr). le message est clair. Si les États-Unis cherchent à provoquer une escalade de tensions, ce n’est pas l'Iran qui leur refuserait ce plaisir.
Le nom Khorramchahr est hautement symbolique en Iran. C'est le nom d’un port dans le sud de l’Iran dont la libération a inversé la donne en faveur des forces iraniennes, alors qu’elles se battaient contre les troupes de Saddam Hussein. Car avant ce tournant, personne ne croyait l'Iran, fraîchement sorti de sa révolution, capable de repousser l'agression d’un régime irakien armé de missiles et d’avions les plus sophistiqués au monde. Ce fut au cours de cette guerre que l’Iran a compris qu’il ne faut que compter sur sa propre force pour pouvoir se défendre.
En guerre, les armements sont ou bien de nature défensive ou bien de combat. Certains rangent dans la première catégorie, la bombe atomique dont les détenteurs ne se servent qu'à des fins de dissuasion. Les missiles balistiques iraniens entrent également dans cette gamme. Le missile Khorramchahr que le CGRI vient de dévoiler est aussi une arme dissuasive. Il ne peut être tiré que dans le cadre d’une riposte qu’exigerait une agression d’envergure conter le sol national.
La question qui se pose d’emblée est celle-ci : peut-on exiger à l’Iran de renoncer à ses missiles ?
Au moment où les « grands » du monde montent à la tribune de l’ONU pour menacer l’Iran dans son existence, que le Premier ministre israélien multiplie les appels pour une action armée contre les sites sensibles iraniens, que Wikileaks déchire le voile sur les lettres signées par Riyad, elles aussi demandant au président américain d’en découdre avec l’Iran, personne n’a le droit d’interdire aux Iraniens de détenir des missiles.
Téhéran devrait d’une manière ou d’une autre faire comprendre à ses adversaires que tout aventurisme à son encontre aura un coût élevé. En tête de ses adversaires figure, M. Trump, homme d’affaires et président qui ne comprend que le langage de perte et de gain.
D’ailleurs, l’accord nucléaire auquel se réfère sans cesse le clan occidental ne contient aucune clause prévoyant l’arrêt du programme balistique iranien. Un accord qui soi-disant n’est pas trop populaire en Iran vu qu’il n’a pas été rempli dument par les Américains, mais envers qui l’engagement iranien reste intègre puisque l’Iran sait tenir sa parole.
Pour le reste il vaudrait peut –être mieux que les Américains et leurs alliés d’Europe tirent leçon de la crise nord-coréenne et finissent par comprendre une bonne fois pour toutes que l’arme de sanctions et de menace ne peut régir les relations internationales.
Quant au Premier ministre israélien il a tout intérêt à consulter ses généraux. Ces derniers lui diront sans doute que Khorramchahr, missile d’une portée de 2000 kilomètres, contient trois ogives qui totalisent ensemble une charge de 1800 kilogrammes, ce qui rend l’engin triplement puissant. C’est là une technologie de pointe que l’Iran maîtrise malgré les restrictions auxquelles il est soumis depuis 40 ans.