L’éditorialiste de Raï al-Youm revient sur le raid aux missiles israélien du vendredi 22 septembre contre une localité située dans la périphérie de Damas et écrit : « À regarder de plus près les raids anti-syriens d’Israël, on est enclin de se demander : “mais pourquoi ces attaques alors qu’elles s’avèrent être totalement stériles ? ”
Abdel Bari Atwan dénonce la rage insatiable d’Israël contre l’État syrien qui malgré 7 ans de guerre dévastatrice, n’est pas prête à s’apaiser.
« Il est étrange de voir Israël s’acharner, ces temps-ci, que sur un seul État arabe à coup de bombes et de missiles, et de toujours tenter de justifier ces attaques au nom des ‘convois d’armements’ destinés au Hezbollah « qu’il faudrait à tout prix détruire ». À peine un mois après le dernier raid israélien, le monde s’est réveillé, hier vendredi en apprenant qu’une nouvelle frappe venait d’avoir lieu contre « un stock d’armes et de missiles destinés au Hezbollah », non loin de l’aéroport de Damas. À leur habitude, les autorités du régime israélien ont maintenu le black out sur l’information, empêchant la presse israélienne de l’aborder, surtout que le raid s’est avéré, de loin, être un succès : les batteries de défense anti-aérienne syriennes ont réussi à intercepter l’un des trois missiles israéliens avant qu’il ne s’abatte contre l’aéroport et en ont diffusé les images. Les débris de l’engin ont été localisés à al-Kiswah, dans le sud de la capitale.
Les attaques aériennes et aux missiles d’Israël contre la Syrie ne sont pas chose nouvelle. Un des hauts commandants de l’aviation israélienne a même reconnu, il y a quelques jours, qu’Israël avait effectué en sept ans de guerre plus de « 100 raids » visant des « cibles situées en profondeur » du territoire syrien. Le nouveau vient au contraire de l’État syrien, déterminé désormais à répondre du tac au tac : la DCA syrienne a fonctionné vendredi matin et la riposte a été très clairement revendiquée dans un communiqué de l’armée syrienne qui promet de reproduire cela. Tout ceci n’augure rien de bon pour Israël.
Les experts en stratégie militaire israéliens tout comme bon nombre de généraux retraités de l'armée israélienne ne cachent pas leur peur de savoir Israël exposé aux milliers de missiles du Hezbollah. Outre les missiles de la Résistance, les militaires israéliens se disent inquiets des « drones » dont dispose la Résistance libanaise et dont l’un a réussi à s’infiltrer, il y a trois jours, dans le ciel d’Israël via le Golan occupé avant d’être intercepté, non pas par le Dôme de fer qui a bien tiré un missile Patriot de plus de 2 millions de dollars (lequel a raté sa cible), mais bien par un F16 israélien et ce, au bout de 35 minutes.
Ce contexte nous renvoie d’emblée à un article rédigé en 1999 par l’ancien ministre israélien des Affaires militaires, Moshé Arens qui évoquant le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban écrivait :
« Notre décision s’expliquait par notre volonté à la fois de réduire le nombre de nos pertes et le nombre des opérations militaires du Hezbollah. Parmi ces objectifs, ni l’un ni l’autre n’ont été atteint, car le Hezbollah a continué à nous harceler et notre armée a perdu quelques 120 de ses effectifs. »
En 2006, lors de la deuxième guerre du Liban, le bilan des pertes israéliennes s’est élevé à 44 et l'armée israélienne a aussi perdu plusieurs chars et véhicules blindés.
Plus loin dans son article, l’auteur met en garde contre une tournure « indésirable » que risquent de prendre les événements si « Israël continue ses raids contre le territoire syrien » : « L’armée syrienne et la Russie exigent que les frappes israéliennes cessent. À vrai dire, Israël a tout intérêt à mettre un terme à ses attaques, car la “riposte syrienne du vendredi” a toutes les chances de se reproduire dorénavant, non pas seulement depuis le territoire syrien, mais aussi depuis le Liban. Car rien n’empêche désormais les missiles du Hezbollah de “repousser les chasseurs israéliens” hors du ciel libanais. Israël a donc l’intérêt à mettre un holà à ses pulsions guerrières, à moins qu’il veuille jouer avec le feu pour provoquer un nouvel embrasement : Tel-Aviv ne cache pas son désir de pousser l’État syrien et son allié russe à ouvrir un nouveau front, maintenant que Daech vit ses derniers moments. Le président Poutine a déjà mis en garde contre ce piège, demandant à ses alliés syriens et libanais de patienter. Mais à part la patience, ces derniers pourraient avoir en leur possession d’autres moyens pour “calmer les ardeurs d’Israël”.