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"Israël n'a d'autres choix que d'attaquer la Syrie"

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Un avion F-16 de l'aviation israélienne. (Photo d'illustration)

Jeudi 7 septembre, les chasseurs israéliens ont tiré des missiles en direction d'une base de l'armée syrienne à Hama, au centre de la Syrie. Depuis le début de la guerre en 2011, le régime de Tel-Aviv n'a cessé de prendre pour cible en Syrie ce qu'il prétend être des "convois d'armements iraniens destinés au Hezbollah".

Le raid du 7 septembre fait donc exception à la règle dans la mesure où il vise l'une des bases de l'armée syrienne qui plus est, contenait un centre de recherches lié à la défense nationale. Chose inhabituelle, les officiels israéliens se sont succédé par la suite pour commenter l'attaque qui à en croire leurs propos contiendrait trois messages :

- Israël ne permettra pas la fabrication d'armes stratégiques par les ennemis.

- Israël exige que ses lignes rouges soient respectées.

- Les S-300 et les S-400 russes n'empêcheront pas Israël de bombarder la Syrie.   

 

À quoi joue donc Israël ?

De prime abord, Israël semble être sur le point de passer à l'acte en Syrie. Le projet américain de fédéralisation de la Syrie ayant du plomb dans l'aile, le régime de Tel-Aviv chercherait à intervenir militairement chez son voisin. Deux mobiles pourraient pousser Netanyahu dans ce sens : les affaires qui l'affectent lui et son épouse et qui en cas de guerre, pourront être rangées dans les vestiaires, mais aussi un rapport alarmant du renseignement israélien. Le rapport affirme que "l'armée syrienne s'est usée au bout de 7 ans de guerre », mais « qu’elle ne tarderait pas à se refaire très rapidement une solide santé » une fois la guerre terminée. Israël ne dispose donc que de peu de temps pour « achever l’armée » syrienne dans le cadre d’une confrontation directe, soit d’un passage d’une guerre par procuration à une guerre par essence.

Un point reste à retenir : ce n’est pas par gaieté de cœur que l’état-major israélien déciderait d'attaquer la Syrie, où la donne est particulièrement complexe et les périls, multiples. En Syrie, Israël chercherait à limiter les dégâts. Le chroniquer de Haaretz fait écho à ce courant de pensée au sein des milieux militaires israéliens qui dit : « Attaquons en premier pour éviter une défaite totale ».

Dans un message, l’ex-chef du renseignement de l’armée israélienne, Amos Yadlin qui commentait le raid contre Maysaf a employé le terme « Guerre future ». Et il est vrai que Tel-Aviv s’apprête à faire face à « la fin de la guerre en Syrie » qui se solderait par la disparition du terrorisme et la restitution de l’intégrité territoriale syrienne. Les sources militaires font état de la mise en place d’un « mécanisme de coordination » chargé de synchroniser l’action de l’armée de terre, de l’air et de la marine et de placer le tout sous le commandement du front nord.

L’analyste arabe Ali Shahab qualifie le raid aux missiles israélien contre Maysaf de « résultat d’une fusion », celle entre la stratégie « la guerre dans les guerres » et la tactique issue des méthodes de renseignement. Selon cet expert, « l’armée israélienne traverse en ce moment une phase de mutation sans précédent. Le commandement du nord (chargé de faire face au Hezbollah) est en proie aux transformations structurelles qui visent à l’adapter aux « guerres futures ». Il s’agit de coordonner les différents secteurs. Parallèlement aux manœuvres militaires d’envergure qui se déroulent sur le front nord, l’unité d’élite « Aigle », chargée de renseignements, a repris aussi ses activités.

Mais est-ce efficace ?

Tel-Aviv s’efforce de limiter la casse, comme le disent les analystes, sans pouvoir pour autant changer grand-chose aux réalités du terrain : Washington a fini par se rendre à l’évidence. La CIA a cessé de soutenir les groupes armés dans le sud-est syrien et leur a même intimé l’ordre de regagner la Jordanie, ce qui ne va pas sans laisser le champ libre au Hezbollah et aux combattants de la Résistance. Ceci dit, Israël tente de faire comprendre aux Américains et à l’Europe qu’il faudrait compter aussi avec lui, s’ils veulent en finir avec la crise syrienne. Mais Tel-Aviv a des doutes sur la réaction qui serait celle de ses alliés traditionnels. Ce n’est pas sans raison qu’Israël a choisi d’attaquer Maysaf au plus fort de ses manœuvres militaires sur le front nord, car il s’attend désormais à toute sorte de réponses à ses agissements. La réalité est que Tel-Aviv ne dispose pas d’une grande marge de manœuvre en Syrie. L’accord russo-américain l’a dépouillé de nombreux atouts. Par ailleurs, il n’est pas sans risque de vouloir ouvrir un front de combat direct où l’armée israélienne serait impliquée. Les généraux du Tsahal n’ont pas oublié le déboire de 2006 face au Hezbollah qui est sorti de surcroît « renforcé » de six ans de guerre en Syrie. N’empêche que les Israéliens semblent prêts à vouloir refaire le coup. Pas pour peser sur l’échiquier syrien, mais placer les Américains devant un choix : « prendre part ou pas à une guerre israélienne contre l’Iran ».

Israël provoque la Russie

Et puis les Russes, l'armée israélienne ne les a pas oubliés. Pour certains analystes militaires israéliens, le raid contre le Centre de recherches de Maysaf suivi le lendemain par l'infiltration à 200 kilomètres en profondeur à Quneïtra des "forces spéciales israéliennes" à bord "de plusieurs "Merkawa" contenait un message direct à l'adresse de la Russie : « vous aussi, faites votre choix : soyez avec nous ou nous vous pousserons à agir contre nous »…

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SOURCE: FRENCH PRESS TV