Le journal Al-Akhbar pose cette question et y répond en ces termes : « depuis que l’ambassade israélienne au Caire a été prise pour cible par des manifestants anti-israéliens, la confiance mutuelle ne se fait plus ressentir. Idem pour la Jordanie où les ressentiments populaires contre Tel-Aviv sont si grands qu’Amman n’ose plus évoquer la réouverture de l’ambassade israélienne. Israël n’est pas indifférent aux bruits hostiles qu’il entend depuis les rues égyptiennes et jordaniennes et qui le poussent à chercher de nouveaux alliés au sein du monde arabe, autre que la Jordanie et l’Égypte ».
Plus loin, l’article revient sur la perspective d’une normalisation des liens entre Tel-Aviv et Riyad et écrit : « Israël a tout fait ces derniers temps pour établir une alliance avec l’Arabie saoudite et les Émirats dans l’espoir de faire partie du club des pays arabes du Golfe persique, club où, il n’y a pas encore si longtemps, paraissait réticent à tout rapprochement envers Israël. Or les choses semblent changer depuis l’intronisation de Ben Salmane à la succession du trône saoudien. Israël a un ami au sein du Conseil de Coopération du Golfe persique sur qui il peut compter. À vrai dire, le rêve d’Israël n’a jamais consisté à étendre son emprise sur l’ouest du monde arabe, mais plutôt sur la péninsule arabique, région si riche en ressources naturelles. Israël est certain : à l’aide de Ben Salmane, il parviendra un jour à faire flotter le drapeau sioniste à la Mecque ! »
Dans la foulée, l’article revient à l’Égypte et à la phase difficile que le Caire est en train de traverser :
« Dans cette vaste entreprise qu’est l’extension du poids de Tel-Aviv au sein du monde arabe, le Caire vit une situation singulière. Après avoir confronté les protestations populaires contre leur présence en Égypte, les Israéliens ont choisi de mettre des bâtons dans les roues du président Sissi. Tel-Aviv a pris des mesures contre la sécurité interne égyptienne en réactivant « les cellules terroristes au Sinaï ». Pas un jour ne passe sans que l’armée égyptienne, dont est issu le président, ne subisse de plein fouet les foudres de Daech et autres groupes terroristes. Cette perspective a tout bloqué : Le Caire se trouve à un point charnière où il a du mal à se positionner sur un échiquier arabe trop compliqué. Cet état de choses a même privé l’Égypte du rôle traditionnel qu’elle avait pendant longtemps à jouer dans le soi-disant processus de paix entre la Palestine et Israël.
Et Al-Akhbar ajoute :
« Bref, l’Égypte est menacée, d’un côté par le plan américano-israélien consistant à modifier la carte de la région, et de l’autre, par l’avidité des israéliens pour se faire des amis parmi les États arabes. Effectivement, l’Égypte n’a qu’un seul choix, rejoindre les États arabes et Israël dans leur coalition aux contours de plus en plus précis contre l’axe de la Résistance, au risque de « se faire bouffer par Riyad » qui ne reconnaît à aucun de ses « satellites » le rôle de leadership qu’il a défini pour lui-même. Mais que fera l’Égypte ? Va-t-elle finir par « se coucher par terre » ou choisira-t-elle de faire bande à part ? Après tout, le camp de la Résistance est la seule partie capable de contribuer à l’équilibre des forces dans la région et cette partie accueillera à bras ouverts le pays de Nasser. En ayant signé l’accord de Camp David, l’Égypte a montré une première fois qu’elle savait faire bande à part et rien ne dit qu’elle ne saurait pas recommencer une seconde fois ».