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L'Égypte a-t-elle peur d'Israël pour normaliser avec la Syrie ?

US Rep. Ilhan Omar (D-MN) (L) talks with Speaker of the House Nancy Pelosi (D-CA) during a rally with fellow Democrats before voting on H.R. 1, or the People Act, on the East Steps of the US Capitol on March 08, 2019 in Washington, DC. (AFP photo)
Israël renforce sa présence militaire à la frontière avec l’Égypte. ©ynet

L'armée israélienne dit avoir été prise pour cible des tirs en provenance du territoire égyptien, tirs qui n'ont fait ni victime ni blessé. Ce serait "des individus armés" qui auraient tiré en direction des soldats israéliens postés aux frontières communes avant de prendre la fuite. L'attaque n'a pas été revendiquée mais elle intervient curieusement au moment où de plus en plus de voix réclament en Égypte une "reprise des relations Damas-Le Caire". 

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi entouré du ministre de la Défense saoudien (G) et son homologue égyptien, au Caire, le 15 avril 2015. ©AFP

C'est le cas surtout des courants nationalistes et nasséristes qui appellent même à ce que l'ambassade d'Égypte à Damas ouvre le plutôt possible ses portes. L'ex-vice-ministre égyptien des Affaires étrangères, Adel Adaoui, affirme que les deux parties ont déjà normalisé mais que le processus de normalisation se déroule surtout en coulisse.

Mais pourquoi avoir tout dissimulé ? "Car Le Caire croit qu'au lieu de crier sur les toits, il faudrait à ce stade de la crise syrienne, focaliser les efforts sur le cessez-le-feu et faire en sorte que la trêve en Syrie perdure", a-t-il ajouté. 

Adaoui estime que la rupture diplomatique entre la Syrie et l'Égypte ne pose aucun obstacle à la recherche d'une "solution à l'amiable" car "Le Caire est en contact avec à la fois le gouvernement syrien et l'opposition".

Il va sans dire que les deux armées que sont celle de l'Égypte et celle de la Syrie coopèrent en coulisse dans le domaine sécuritaire mais comme le confirme Adaoui, l'Égypte aime mieux se présenter comme "médiateur de la crise" que "partenaire de Damas". L'ex-vice ministre l'évoque en termes à peine voilés: "Des considérations de politique internationale contraignent l'Égypte à agir avec prudence." Mais de quelle considération s'agit-il ?

Alors que l'Occident commence à revoir ses relations avec la Syrie et que la France a même envoyé ses entreprises ouvrir leurs stands à la première foire internationale de Damas, il est étonnant que le président Sissi affiche une si grande précaution à annoncer publiquement ses liens avec le gouvernement syrien. Certains experts évoquent l'ombre de Riyad qui empêcherait Le Caire d'agir dans ce dossier en toute indépendance. Mais Riyad n'est peut-être pas le seul élément en cause: Israël, seule partie à s'opposer farouchement à tout retour de la paix et de la stabilité en Syrie, ne verrait sans doute pas d'un œil bien veillant une "normalisation publique" entre l'Égypte et la Syrie. L'incident sécuritaire sur les frontières égypto-israéliennes pourrait constituer une première alerte: Al-Sissi devrait prendre en compte les "intérêts d'Israël" dans toutes ses prises de position. 

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SOURCE: FRENCH PRESS TV