Le journal Rai al-Youm se penche sur l’inquiétude générale qui sévit à Amman et touche aussi bien les intellectuels que la population. Elle est causée en particulier par la détérioration des relations avec le régime d’Israël, voisin « arrogant et vaniteux ».
La société jordanienne souffre de l’inflation économique et de l’augmentation de la corruption. Le pays ne bénéficie plus de l’aide de son voisin de l’est, l’Arabie saoudite, et la situation dans le nord de la Syrie, où sont concentrés les groupes terroristes, est confuse.
Les problèmes économiques sont à moyen terme résolubles, mais il est impossible de négliger la menace progressive du régime d’Israël qui s’est montré sous son pire jour lorsqu’un garde de sécurité israélien de l’ambassade d’Israël à Amman a tué par balles deux Jordaniens, le 23 juillet dernier. D’autant plus que le garde en question, accompagné de diplomates et d’employés de l’ambassade, a quitté Amman vers les territoires occupés et a été reçu par le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu comme un héros.
Le roi de Jordanie, rattrapé par les événements, a dû interrompre ses vacances et est rentré au royaume d’urgence. Face à l’indolence d’Israël et à la colère du peuple, son gouvernement s’est trouvé impuissant. Les experts politiques sur lesquels comptait le roi Abdallah II se sont désistés.
Les vraies raisons du voyage du roi jordanien à Jeddah pour rencontrer le prince héritier saoudien nous sont inconnues, mais il a sans doute été motivé par la crise actuelle en Jordanie, les tensions israélo-palestiniennes à Qods et la question des portiques de sécurité sur l’esplanade des Mosquées.
Au sein du gouvernement jordanien, des voix s’élèvent contre les monarchies du golfe Persique qui ont ignoré Amman en soumettant l’affaire de la mosquée Al-Aqsa à l’Arabie saoudite. Les entretiens téléphoniques directs entre Riyad et Tel-Aviv concernant différents sujets, dont la mosquée Al-Aqsa, sont une atteinte flagrante au rôle que devait jouer Amman.
Certains médias arabes parlent d’entretiens effectués par l’intermédiaire de leur allié commun, les États-Unis. Mais d’autres, preuve à l’appui, disent qu’ils ont eu lieu directement via une ligne ouverte exclusivement entre les gouvernements de Tel-Aviv et de Riyad. Les doléances d’Amman à ses frères du golfe Persique ne font donc que prendre de l’ampleur.
L’attaque au sein de l’ambassade d’Israël à Amman a remis en question son administration, ainsi que ses politiques intérieure et étrangère. Une attitude plus ferme à l’égard d’Israël contribuerait, de prime abord, à la restitution de la place du royaume dans le conflit israélo-palestinien.
Il ne faut pas oublier que les monarchies du golfe Persique, notamment l’Arabie saoudite, n’ont mené aucune concertation digne de ce nom avec la Jordanie, qui pourtant faisait partie de leur clan, en vue de prendre une initiative quelconque.
Force est de constater qu’Amman a besoin d’un gouvernement compétent et puissant qui puisse venir à bout des défis internes et régionaux, un gouvernement qui soit méritocratique et accorde davantage de pouvoir exécutif à ses autorités.