Le gel de l’envoi d’armes et de munitions aux groupes armés en Syrie pourrait constituer une «concession faite à la Russie», mais en même temps, il pourrait signifier «de graves divergences opposant les Américains aux Turcs», estime Yezid Sayigh.
L’expert des questions moyen-orientales Yezid Sayigh commente l’annonce par la Maison Blanche du gel du programme destiné à armer les « rebelles » actifs en Syrie, programme mis en place dès 2013 par Obama, mais qui vient d’être gelé sur ordre de Donald Trump.
Cité par Ria Novosti, l’expert du centre d’études pour le Moyen-Orient estime que le gel d’envoi d’armes et de munitions aux groupes armés en Syrie pourrait constituer une "concession faite à la Russie" mais qu’en même temps, il pourrait signifier de "graves divergences opposant les Américains aux Turcs":
"L’arrêt de l’envoi d’armes et de munitions pourrait être considéré comme une concession aux Russes, mais on ignore si ce gel concerne oui ou non les terroristes en action dans le sud de la Syrie. Et puis, les Kurdes du nord de la Syrie ne seraient sans nul doute concernés par ce gel."
Et l’expert d’ajouter: "Les terroristes concernés par le programme de gel américain se trouvent dans le nord-ouest, surtout à Idlib ainsi que dans l’ouest d’Alep. Or, c’est à partir du mois de février que les États-Unis n’envoient plus d’armes à ces régions."
L’expert n’écarte pas toutefois la place qu’occupe la Turquie dans ce semblant de virage américain vis-à-vis des rebelles: "Il va sans dire que la Turquie pèse de tout son poids sur les évolutions régionales et n’importe quel changement de cap des États-Unis vis-à-vis des rebelles pourrait renvoyer directement aux divergences de vues américano-turques."
Washington Post a annoncé jeudi le gel du programme d’envoi d’armes et de munitions américain aux groupes rebelles en guerre contre le régime de Bachar al-Assad.
Sarah Sanders, porte-parole de la Maison Blanche, n’a pas confirmé cette information tout comme le chef de la CIA qui s’est refusé à tout commentaire.